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McCain investit 350 millions d’euros pour moderniser et décarboner son outil de production

Investissement. Emmanuel Macron s’est rendu sur le site de l’usine McCain à Matougues, dans la Marne, en préambule du sommet « Choose France », mettant en avant l’attractivité du pays. Le groupe canadien a annoncé un investissement de 25 millions d’euros sur son site marnais et 350 millions au total en France.

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  • Photo d'Emmanuelle Macron dans l'industrie McCain
    (Crédit : ND)
  • Photo de la production de frites dans l'industrie McCain
    (Crédit : ND)
  • Photo des patates utilisés dans la production
    (Crédit : ND)
  • Photo de l'entrée de l'usine McCain
    (Crédit : ND)

Aucun contact avec le président. Une visite ultra verrouillée. À trois semaines des élections européennes, Emmanuel Macron était là pour annoncer des bonnes nouvelles mais pas pour répondre à des questions qui auraient pu déclencher une quelconque polémique. C’est donc via un écran, en salle de presse, que la quasi-totalité des journalistes a suivi cette visite effectuée au pas de course, après une visite à Microsoft le matin même à 9h30 à Issy-les-Moulineaux et juste avant l’inauguration du sommet « Choose France » à 15 heures à Versailles. Les annonces faites par la suite n’ont pas, non plus, fait l’objet d’échange avec le Président de la République.

Le site de Matougues n’a pour autant pas été choisi au hasard puisque le groupe canadien McCain a annoncé investir 350 millions d’euros dans ses trois usines, à horizon 2028 (300 millions d’euros à Harnes, dans le Pas-de-Calais, afin de moderniser les lignes de flocons de purée déshydratée et d’améliorer la capacité de conditionnement ; 30 millions d’euros sur le site de Béthune, dédiés à la création d’une nouvelle ligne de production de spécialités de pommes de terre). À Matougues, 25 millions d’euros seront investis dans l’achat d’une nouvelle friteuse plus performante ainsi que l’ajout d’une technologie d’enrobage qui devrait permettre une hausse de production de 25%. « Le but est de gagner et en qualité et en productivité », indique Noëlle Bomersbach, responsable QHSE au sein de l’usine McCain de Matougues. « Les travaux commenceront dès cet été, nous allons augmenter notre capacité de production, moderniser notre outil pour en renforcer la compétitivité et nous allons réduire nos émissions carbone et notre consommation d’eau », précise le Directeur Général du Groupe, Max Koeune. « Nous nous engageons à réduire de 50% notre empreinte carbone d’ici à 2030 et de 40% la consommation d’eau. Cet investissement de 350 millions d’euros fait partie intégrante de cet engagement. »

« La France est donc devenue le cœur battant de notre business en Europe »

L’usine marnaise qui se distingue par la longueur de sa ligne de production (1,4 km soit la plus longue d’Europe) possède déjà des installations modernes puisqu’elle a été inaugurée en 2001. En outre, elle a déjà investi 125 millions d’euros ces dernières années dans la modernisation de son outil de production et dans le développement d’une stratégie RSE. 650 tonnes de frites et 20 tonnes de flocons y sont produits chaque jour grâce à 1 200 tonnes de pommes de terre, provenant d’un rayon de 150 km maximum. « 1 frite sur 3 vendue en France sort d’une usine McCain, la France est donc un marché important pour nous car c’est le premier marché en Europe », souligne Max Koeune. « Cela fait 40 ans que nous sommes présents dans le pays et que nous tissons un lien très fort avec toutes nos parties prenantes. La France est donc devenue le cœur battant de notre business en Europe. Au niveau industriel mais aussi grâce à nos 800 partenaires agricoles avec qui nous travaillons en circuit court. »

Une économie circulaire qui implique les producteurs du territoire, soumis à une forte pression ces dernières années avec la hausse du coût de l’énergie notamment. « McCain est la première usine d’Europe de fabrication de frites et l’investissement qui va y être fait est une très bonne nouvelle pour le territoire », se réjouit Franck Leroy, Président de la Région Grand Est. Une trentaine d’emplois devraient en effet être créés sur l’ensemble des trois sites à l’issue des investissements, dont 5 à Matougues, qui compte aujourd’hui près de 230 salariés. « Au-delà, ce sont huit grands projets d’investissements qui sont annoncés dans la Région Grand Est, une des 10 régions les plus attractives d’Europe, devant le Bade-Wurtemberg et juste derrière la Bavière, qui sont des régions gigantesques. En Champagne-Ardenne, l’un d’eux concerne un gros investissement de l’entreprise allemande EnBW, producteur et fournisseur d’énergies européen, dans le secteur de Vouziers. »

Un bassin de compétence et d’innovation

« En France, nous avons des infrastructures énergétiques de qualité, on a accès à un bassin de compétence et d’innovation très fort. Nous avons aussi choisi ce pays comme leader de l’agriculture de régénération, c’est-à-dire une agriculture qui passe de la chimie à la biologie, qui vise à restaurer la santé des sols mais aussi à préserver la biodiversité et les nappes phréatiques », insiste Max Koeune pour expliquer la forte implantation du groupe dans l’Hexagone. « Cet investissement de 350 millions d’euros est la preuve d’une confiance dans notre pays », se félicite pour sa part Emmanuel Macron, louant au passage, « l’engagement et la qualité de travail des salariés du groupe ». Le Président a ainsi défendu sa politique du « en même temps » qui refuse « l’esprit simpliste de choisir entre la décarbonation et la croissance et choisir entre la souveraineté et le développement industriel. »

Décarboner l’outil industriel, avec France 2030, fait en effet partie intégrante de la politique économique de demain, tout comme la préservation des ressources, avec le Plan Eau. Mais tout cela ne doit pas s’effectuer au détriment de la souveraineté et notamment alimentaire, on l’a vu, mise à mal avec les crises successives du covid et de la guerre en Ukraine. « En nouant un partenariat de long terme avec les agriculteurs, vous rémunérez nettement au-dessus du marché libre les agriculteurs tout en leur donnant de la visibilité et de la pluri-annualité et en les aidant à faire leur propre transition », a ainsi souligné Emmanuel Macron, à l’adresse de ceux qui fournissent de nombreux acteurs de la restauration, dont le géant Mc Donald. « Nous sommes pour la cinquième fois le pays le plus attractif d’Europe, fruit d’une politique fiscale et sectorielle qui permet d’attirer et de consolider », n’a-t-il en outre pas manqué de signaler juste avant l’ouverture du sommet « Choose France », avec pour cette 7e édition, un montant record d’investissements étrangers annoncé de 15 milliards d’euros pour 56 projets.