Humeur

Le bio à la peine

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

Dans la lignée du mouvement de mécontentement des agriculteurs, le Gouvernement a déjà annoncé plusieurs mesures phares de soutien au monde agricole. L’une des plus récentes, parues en fin de semaine dernière prévoit l’augmentation du fonds d’urgence en direction de l’agriculture bio. Un geste plus que significatif, puisqu’il prévoit que le fonds passe de 50 millions d’euros à 90 millions.

Et qu’il vient s’ajouter aux quelque 104 millions déjà versés en 2023 aux agriculteurs concernés. Une enveloppe qui commence à devenir conséquente pour un secteur qui peine à trouver son marché. Car c’est tout le paradoxe - un de plus - de la société de consommation. D’un côté, les Français sont majoritairement, et sincèrement semble-t-il, solidaires de leurs agriculteurs qu’ils soutiennent dans l’ensemble de leurs actions et revendications.

D’un autre côté, au moment de formaliser en espèces sonnantes et trébuchantes cette solidarité, le consommateur peine à franchir le pas de manière durable et régulière. Outre les prix élevés du bio, notamment en période de forte inflation comme aujourd’hui, le frein réside aussi dans la multiplication des labels qui rendent illisible la filière. Mais aussi, et c’est plus inattendu, l’aspect esthétique de ces produits qui, de l’avis de nombreux producteurs, rebutent le consommateur, habitué aux formes et couleurs « parfaites ».

Des raisons qui pèsent sur les résultats de la filière bio qui n’a pas su transformer l’essai de l’engouement né lors de la crise du Covid. Autre paradoxe, la France importe (selon la Cour des Comptes) 30% de ses produits bio, pour l’essentiel sous la forme de produits transformés. Etonnant. Un défi de plus pour la filière agricole dans le cadre des grandes manœuvres en cours...