Humeur

La Ve joue les prolongations

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

Alors que certains sont tentés de l’envoyer à la retraite, la Constitution de 1958 a encore, à 65 ans, quelques belles années devant elle. Du moins c’est ce qui semble se dessiner alors que l’on vient tout juste de célébrer, bien discrètement toutefois, les six décennies et demi de ce texte fondateur de la Ve République. Trop discrètement, car hormis un hommage du Président de la République, sans doute la Constitution est-elle trop méconnue de nos concitoyens.

Elle revêt pourtant une importance capitale dans la manière dont est gouverné et régi notre pays au quotidien. Elle est surtout une source d’équilibre institutionnel indispensable dans les périodes d’incertitudes qui pourraient tenter extrémistes et obscurantistes de renverser la table.

Si la proposition d’une Sixième République maintes fois évoquée peut se révéler tentante a priori, le changement, pour une Assemblée constituante notamment, relève davantage d’un vieux fantasme issu de 1789 que d’une fin en soi.

Car si la participation citoyenne ne peut être que bénéfique à la République, elle peut parfaitement être exercée aujourd’hui par le vote. Elle doit être reconquise par la qualité du personnel politique et par l’utilisation intelligente du référendum. Hypocritement prôné par tous les Présidents et redouté par leurs gardes rapprochées, il n’a plus été utilisé depuis 18 ans et le camouflet du Non à la Constitution sur l’Europe. Contrairement à 2005, qui a lourdement contribué à son propre discrédit en raison de l’utilisation faite de son résultat, le prochain devra respecter le choix des électeurs quel qu’il soit au risque d’envoyer la Ve non pas à la retraite mais directement à la casse.