Humeur

Colère verte

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Nastasia Desanti

La fronde des paysans gronde. L’étincelle est née d’une décision concernant le changement de taxation sur le gazole non routier (GNR). Mais le malaise est bien plus profond. Des revenus qui ne correspondent pas au travail engagé, des normes écrasantes, des hausses de prix et de matières premières qui ne permettent plus de faire des investissements et de nouveaux traités ouvrant à une augmentation des importations des pays tiers sont autant de revendications qui poussent les agriculteurs sur les routes afin de mettre la pression au gouvernement, à six mois des élections européennes.

Car la clé se trouve bien à ce niveau, ne nous y trompons pas, à l’heure d’une économie et d’une agriculture mondialisées. Prenons les importations. Alors que les éleveurs de vaches sont parmi les plus précaires de la profession, la France voit sa collecte de lait diminuer d’année en année et pourrait devenir importatrice d’ici 2027. En cause, des exploitations qui voient leurs charges exploser et ne peuvent plus faire face à l’inflation avec, en plus, des conditions de travail extrêmement contraignantes.

Quant aux normes, dictées par la Commission européenne, elles laissent souvent les agriculteurs dans un mille-feuille administratif bien compliqué à mettre en oeuvre sur le terrain. Pourtant, l’Europe fait aussi preuve de garde-fou, sur l’usage des pesticides avec le Green Deal, les rotations de jachère pour ne pas appauvrir les sols mais également sur la gestion de la ressource en eau. Quant à la PAC, c’est elle qui a déterminé toute la politique agricole de ces 60 dernières années.

Une politique qui, visiblement, ne trouve plus écho dans les campagnes, qu’elles soient françaises ou allemandes, avec des appels à mener une politique agricole paysanne orientée vers les agriculteurs et non vers l’industrie. Et si le gouvernement concède quelques mesures, il y a fort à parier que la volonté de réponses plus tranchées se retrouve dans les urnes les 8 et 9 juin prochains…