Quentin Delaire
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Quentin Delaire

Un parcours de rebond

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Quentin Delaire - Rimbaud Tech - Incubateur - Entreprises - Portrait
Quentin Delaire vient de prendre la direction de l’incubateur ardennais, Rimbaud’Tech. (Crédit : DR).

Entré à Rimbaud’Tech en juin 2020, Quentin Delaire occupait jusqu’alors les fonctions de chargé d’affaires, « digital startup manager » dans le jargon du métier. « J’ai intégré l’équipe en place à la sortie du premier confinement. À l’époque, il n’y avait pas suffisamment de projets pour travailler à temps plein à Charleville-Mézières, ce qui m’a amené à intervenir pour Innovact à Reims afin d’accompagner à la fois, les entrepreneurs ardennais et marnais, en répartissant mon emploi du temps sur les deux endroits ».

Fédérés sous la même bannière, « Quest for Change », réseau aussi présent à Metz, Mulhouse et Epinal, les deux incubateurs champardennais fonctionnent avec une méthodologie similaire en mutualisant leurs moyens.

PRISE DE REPÈRES

« Mon job était de soutenir et challenger les porteurs de projet innovants en les aidant dans leur cheminement (affinement du produit, mise sur le marché, établissement du cadre juridique et de la propriété industrielle). Tout en identifiant d’autres candidats potentiels en étant présent sur différents évènements ou à travers des partenariats avec des laboratoires, des écoles et des industriels ».

Pendant plus de deux ans, Quentin Delaire a pris le pouls de son nouveau métier en ayant une meilleure connaissance de l’écosystème et des incubés. « Ce qui me permet de prendre ce poste de directeur dans d’excellentes conditions. Cela favorise incontestablement le passage de flambeau avec Jérémie ».

À la tête de l’incubateur, Quentin Delaire entend multiplier les contacts, étoffer le portefeuille des projets, recruter un chargé d’affaires et organiser des événements afin de créer le terreau le plus favorable possible à l’entrée de nouvelles startups de qualité.

« Il y a un vrai enjeu de légitimité à être présent et visible partout sur le département afin que l’on prenne l’habitude de pousser notre porte. Nous avons la volonté de nous faire connaître ». Ainsi, le 29 juin, Rimbaud’Tech sous l’impulsion de Terry Varenne et Nina Vautier organisera la Cérémonie de l’innovation au complexe cinématographique « le Métropolis ». Une soirée inédite, destinée à mieux appréhender l’univers des startups. Au programme : projection de films sur des dirigeants aventuriers, pitchs d’entrepreneurs, témoignages et table ronde sur le thème : « Comment et pourquoi innover dans les Ardennes ? » « Outre les activités récurrentes destinées à nos incubés comme les ateliers de formation et les soirées mises sur pied pour faire découvrir de nouvelles technologies, Rimbaud’Tech veut aussi être dans l’exécution et l’action ».

UNE TRENTAINE D’INCUBÉS

Depuis 2017, l’organisme carolomacérien a soutenu une trentaine d’entreprises. 21 sont actuellement incubées. Soit en phase de prototypage, soit en commercialisation. Il faut, en général, 18 à 24 mois pour qu’un projet arrive à maturité. Et plus pour les projets réclamant de la R&D et des certifications.

Parmi les têtes de gondole passées par Rimbaud’Tech et lui servant de vitrines : Eté Indien, récemment entrée dans l’accélérateur du Grand Est, Scal’E-nov, qui va l’aider à chercher son premier million d’euros de chiffre d’affaires annuel, Body Feed dont la table de décompression neurovertébrale vibrante est actuellement testée au CHU de Nancy et Sanou Koura qui lancera en 2023, à Donchery, une unité de récupération de métaux rares, issus d’appareils électroniques. « Cela prouve que notre travail a du sens et que, finalement, on reçoit autant qu’on donne », constate Quentin Delaire.

UN SOLIDE TRACÉ PROFESSIONNEL

Le natif d’Evreux arrive à Rimbaud’Tech avec un passé professionnel qui plaide pour lui. Suite à un bac scientifique obtenu dans le Pas-de-Calais « après une scolarité difficile, sans réelle vision sur l’avenir », cinq ans de cours à l’école de commerce de l’ISEG sur les campus de Paris et Lille pour obtenir un Master 2 « communication marketing », Quentin Delaire débute sa vie active au sein du club de basket de Berck, où il fut joueur durant 15 ans.

« J’étais à la fois responsable du partenariat, du salon VIP et de l’évènementiel. Ce fut une aventure valorisante et passionnante jusqu’aux prémices du monde professionnel. Il a, certes, fallu mouiller le maillot quotidiennement, mais le fait d’avoir enfin mon avenir entre les mains m’enthousiasmait ».

C’est en 2016 qu’il arrive dans les Ardennes pour y rejoindre sa compagne et travailler aussi à la SEFAC, une PME implantée à Monthermé et spécialisée dans le levage de poids lourds, comme chargé de marketing. « Avec les réseaux sociaux et les bons mots clés, j’ai participé à la refonte du site web (7 versions, 6 langues) et aidé la société à se positionner sur Linkedin et Facebook. Elle a ainsi pu toucher de nouvelles clientèles aux États-Unis, en Australie, en Angleterre, en Italie et en Espagne. Un challenge très formateur ».

En 2019, poussé par l’envie d’entreprendre et son appétence pour le sport, il fonde en plein Covid, avec des moyens limités et un minimum de fonctionnalités, la plateforme de e-commerce « Run shirt ». « J’avais l’ambition de créer ma propre marque de t-shirts 100 % coton bio. Ça ne s’est pas développé comme j’aurais voulu, mais, elle tourne toujours », admet l’intéressé qui sera aussi durant cette période assistant communication de la banque privée, Société Générale Private Banking.

Il concède que son embauche à Rimbaud’Tech a été « une vraie renaissance, un total renouveau ». Ce qui lui plait, c’est d’être « dans un écosystème où tous les membres veulent avancer dans la même direction en contribuant au développement du territoire ». Adepte des sports de nature (trail, VTT, course d’orientation et canoë), Quentin Delaire s’investit aussi - outre dans ses fonctions de directeur de Rimbaud’Tech - dans le développement du territoire en étant administrateur du groupe Facebook « Ardennes VTT ».