Olivier Laurant
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Olivier Laurant

Infatigable créateur.

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Photo d'Olivier Laurant
Petit-fils et fils d’industriels sedanais, Olivier Laurant a trouvé sa voie dans l’insertion par l’emploi de personnes éloignées du travail. (Crédit : PR)

Petit-fils de Lucien Laurant, personnage bien connu dans les Ardennes pour avoir dirigé les Draperies Sedanaises jusqu’en 1984 avec son frère Maurice, tout en étant le président du mythique club de football l’Union Athlétique Sedan-Torcy, Olivier Laurant a baigné très jeune dans le milieu industriel.

« J’ai été très vite passionné par le monde de l’entreprise. Et après diverses expériences dans plusieurs métiers, j’ai trouvé mon fil conducteur dans l’insertion par l’emploi. »

« Mon obsession est de donner du travail à des centaines de personnes pour leur permettre de relever la tête et d’être debout. C’est le moteur de ma vie ».

En 1991, à moins de 20 ans, il signe son premier contrat de travail à Reims, comme vendeur de pièces au sein de l’entreprise Essor Automobile, une société tenue par la famille Maulpois. « Je garde un souvenir prégnant de cette première expérience pour laquelle j’avais été embauché trois mois. Je ne connaissais rien aux pièces automobiles alors que cette PME démunie d’ordinateurs travaillait sur 40 000 références ! Il fallait tout avoir dans la tête. Au bout de cette mission, j’ai été conservé un an tous les samedis matin et les vacances scolaires ».

Ensuite, après l’obtention d’un DUT Gestion des Entreprises et Administrations, il travaille en alternance, à partir de 1992, comme adjoint de direction au sein de l’entreprise de transports Lingat à Glaire (08), qui avait une vocation européenne.

« Je suis resté deux ans avant de faire l’apprentissage de la réalité de la gestion d’entreprise en vivant un dépôt de bilan en 1993. La « boîte » ayant subi de plein fouet les difficultés connues par les Profilés et Tubes de l’Est à Messempré, la société métallurgique de Brévilly, l’entreprise Syval à Carignan, Petitjean à Blagny et Sommer à Mouzon ».

Néanmoins, Philippe Lingat, un patron qui l’a beaucoup marqué par la confiance qu’il lui a accordée, le reprendra comme directeur d’exploitation. « J’ai assuré ce poste durant une décennie, de 1998 à 2008 ».

Entre-temps, en 1996, Olivier Laurant en tant qu’actionnaire minoritaire, comptable et agent commercial, seconde son père, directeur du Tapis Point de Sedan, une manufacture artisanale de 11 salariés spécialisée dans la confection de tapis d’art français. la dernière usine textile de la cité de Turenne. La même année, il intègre l’entreprise Stanton à Poix-Terron.

« J’avais été recruté chez cet équipementier automobile par M.Pouillard qui devait décéder quelques mois plus tard. C’est lui qui avait ramené cette entreprise de Paris dans les Ardennes avant de la développer. J’y ai assumé mon premier rôle d’assimilé cadre comme responsable des achats et de la logistique. Et comme la plupart des cadres avait quitté l’entreprise, la direction anglaise du groupe m’a demandé, en 1997, de gérer mon premier conflit social. Après conciliation avec les syndicats, j’ai stoppé ce mouvement de grève et fait reprendre le travail à l’ensemble du personnel. Cet épisode comme l’obtention régulière de certifications m’a marqué parce que j’avais 25 ans à l’époque ».

L’arrivée dans l’économie solidaire

En 2009, Olivier Laurant engage un nouveau challenge en rejoignant une petite PME de 14 salariés, l’Association du Fort et de la Batterie des Ayvelles, qui évolue dans l’insertion par l’activité économique à La Francheville. Avec deux encadrants techniques, une secrétaire et deux équipes de maçonnerie et d’espaces verts.

« Un univers complètement différent dans lequel j’ai démarré comme coordinateur. Je me rends très vite compte avec le président Régis Lefranc que cette petite structure peut monter en puissance en s’ouvrant vers une activité plus économique ».

Après une croissance régulière, l’AFBA va connaître un essor spectaculaire qui aboutit, en 2011, à la création d’un Groupement d’Économie Solidaire : Ardennes Patrimoine Insertion, plus connu sous l’acronyme API À partir de là, API poursuit son ascension. D’abord, par le biais de chantiers patrimoniaux pour des collectivités locales à La Cassine à Vendresse, sur les remparts de Mézières, à Vervins (Aisne) et Joigny (Bourgogne) et aussi dans l’entretien de la voie verte.

Ensuite, en effectuant de la sous-traitance industrielle et du service aux entreprises pour différents partenaires dans plusieurs supports d’activités. Enfin, elle assure aussi la formation et l’accompagnement de personnes en difficulté et de bénéficiaires du RSA envoyés par les départements des Ardennes et de l’Aisne.

« Nous sommes en effet un organisme de formation agréé par Qualiopi et disposant de cinq formateurs et 15 accompagnateurs ».

L’apport de vitamine T et Kiabi

À partir de 2019 en fusionnant avec le groupe nordiste Vitamine T qui lui apporte des fonds propres et des projets, API a bénéficié de deux effets de levier importants lui ayant permis d’élever son chiffre d’affaires de 2 à 6,5 millions d’euros tout en employant 235 personnes dans les Ardennes et 15 dans l’Aisne. Via la start-up parisienne ReValorem, experte en revalorisation de produits manufacturés de luxe, API créée, en 2020, sur la zone du Valde-Vence, un atelier de confection de 50 salariés sur le marché très porteur du démontage et de la transformation d’articles de maroquinerie en matières premières de recyclage (cuir, tissu, plastique, caoutchouc). « Ce qui représente désormais un tiers de notre croissance ».

Par ailleurs, grâce à un partenariat avec le groupe de textile Kiabi qui lui a confié des vêtements invendus et des présentoirs afin de créer des magasins de vente, l’entreprise ardennaise a pu ouvrir, en novembre 2022, une première boutique au rez-de-chaussée de son siège social carolomacérien avec quatre employées.

Le concept va être prochainement étendu à Hirson, Saint-Quentin (Aisne), Joigny, Auxerre (Bourgogne) et Sedan. Boulimique de travail - il ne prend que trois semaines de vacances par an - Olivier Laurant a aussi créé, en 2015, la confiserie d’Iges.

Il a, par ailleurs, cumulé 32 années de licence sportive (foot, tennis de table, kayak et course pédestre) et 120 de mandats électifs à Sedan Gymnique, au Cercle Sportif Sedanais, au comité départemental et régional de gymnastique et au Lions Club Rimbaud de Charleville-Mézières. Il a encore couru sept éditions de Sedan-Charleville et huit marathons. Un véritable coureur de fond.