Pendant sa jeunesse, Karine Reveil a souvent accompagné son père à l’usine Ninin Plismy et Lejay (NPL) à Gespunsart (08) où il a été plus de 30 ans responsable maintenance : « ce fut ma première incursion dans une entreprise ».
Après l’obtention d’un bac Sciences de la vie et de la terre au lycée Pierre-Bayle de Sedan, elle s’oriente, sur les conseils de son frère ainé, vers un BTS conception produits industriels au lycée Bazin.
Avant de continuer ses études à l’Institut des Techniques d’Ingénieur de l’Industrie Champagne-Ardenne en suivant des cours sur trois sites : Charleville-Mézières, Reims et l’Ensam de Châlons-en-Champagne. Pour obtenir enfin un diplôme d’ingénieur en génie industriel et mécanique.
« Durant ce cursus, j’ai travaillé en alternance au sein du groupe Vauché à Sedan où j’ai passé trois ans en apprentissage au bureau d’études. J’ai eu l’opportunité d’effectuer de petites missions avec les chargés d’affaires et les dessinateurs avant d’accompagner le chef de projet en maîtrise d’œuvre, ce qui m’a permis de suivre l’installation de centres de tris de déchets. »
Après cette première expérience en industrie, Karine décide de parfaire son anglais. Elle se rend quatre mois à Londres pour travailler dans un « Starbucks ».
« Après être revenue à Charleville, et lors d’un stage au Greta, j’ai eu la chance d’y rencontrer une équipe d’Amada qui était là dans le cadre d’une formation proposée par l’entreprise. Et le responsable des méthodes m’a dit que son poste se libérait car il devait partir à Nancy pour des raisons familiales. Il m’a conseillé de postuler. Le hasard a bien fait les choses puisque Thierry Ducoffe, le directeur du site, m’a embauchée comme responsable méthodes amélioration continue et HSE. Je suis entrée chez Amada en 2004. Et 19 ans après, j’y suis encore. »
À ce poste, Karine Reveil met en place des procédures et outils permettant l’assemblage de deux nouveaux modèles par an tout en apportant son empreinte sur la formation du personnel et les bonnes pratiques. Ce qui débouche sur l’amélioration des indicateurs clés de performance dans les ateliers de production et la réduction de l’impact environnemental.
« Au cours de cette période et pour être le garant de la sécurité dans les ateliers, j’ai construit des relations solides avec l’inspection et la médecine du travail et la CARSAT, lesquels nous prodiguaient leurs conseils. L’objectif étant de permettre aux salariés d’arriver et de repartir en pleine forme. Pour cela, il y a des règles à mettre en place et à respecter. Ici, ce sont ces méthodes qui définissent le process de travail. On veut assurer la protection des employés en évitant les chutes, les risques de coupure et de projection dans les yeux ainsi que les travaux sous une charge suspendue », résume celle qui, à travers cette fonction, a passé beaucoup d’heures en atelier avec les opérateurs afin de trouver les meilleures méthodes de travail.
« C’est enthousiasmant de travailler dans une entreprise qui fait de si beaux produits finis »
Ayant eu des relations constructives avec les chefs d’atelier, Karine Reveil deviendra tout naturellement directrice de production en 2011 lorsque Jean-François Vannier arrive à la tête d’Amada.
Ce rôle de management des services de production, logistique et maintenance l’amène à gérer 80 personnes. Elle y trouve vite ses marques en améliorant le taux de service clients, passé de 60 à 90 %, et en contribuant au lancement de nouveaux produits.
« J’ai eu aussi la chance d’être impliquée dans un lourd projet d’investissement de 30 millions d’euros mené entre 2014 et 2017. Ce programme a fait de l’usine une vitrine pour nos clients européens. Une expérience XXL qui après une transformation des 13 000 m² de bâtiments industriels et de bureaux et la création d’espaces verts a permis à nos équipes d’augmenter la capacité de production grâce à l’ajout de cellules de pliage robotisé aux poinçonneuses et aux machines de découpe lasers. On est devenu le centre européen de stockage de machines du Groupe. »
Responsable de la supply Chain Europe
En 2020, pendant la période Covid, l’Ardennaise a la possibilité, alors qu’elle est en poste, de passer un Master Business Administration qui boostera sa carrière professionnelle.
« Au même moment, j’avais formulé la demande de changer de poste. Et j’ai passé un nouveau cap en ayant en charge la Supply Chain à Paris, autrement dit la gestion de chaîne d’approvisionnement des machines-outils européennes et japonaises des quatre filiales de vente européennes d’Amada qui réalisaient alors 175 millions d’euros de chiffre d’affaires. »
Jusqu’en décembre 2021, Karine Reveil assurera ce leadership en nouant des relations solides avec les dirigeants de ces filiales, en facilitant le travail entre les sites de production et les filiales de vente et en réduisant les coûts de transport et les loyers de stockage.
Alors quand David Schirmer décide de quitter son poste de directeur de l’usine Amada de Charleville-Mézières, Jean-François Vannier propose à Karine Reveil de lui succéder à la tête du site carolomacérien.
En janvier 2022, elle devient donc responsable d’une PME spécialisée dans la fabrication de machines-outils, employant 140 personnes (126 CDI et 14 intérimaires) et générant 60 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel en vendant une trentaine de machines par mois à des tôliers.
« L’activité est très bonne et on travaille sur de nouveaux projets, ce qui fait que l’usine est en permanente évolution technologique. On doit être au rendez-vous des indicateurs que sont la sécurité, la qualité, les coûts, les délais et l’environnement. C’est l’ADN d’Amada. »
L’unité qui dispose dans les Ardennes de 28 000 m² de bâtiments couverts sur une surface totale de 101 250 m² travaille actuellement sur l’amélioration de sa gamme laser et surtout sur un projet de presse plieuse électrique moins énergivore et plus rapide venant en complément des modèles existants. Le premier prototype pourrait être livré en 2024.
« On cherche aussi à optimiser nos surfaces de stockage avant de penser à un éventuel agrandissement si nos filiales améliorent leurs parts de marché ».