Jean-Marc Popot
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Jean-Marc Popot

À la tête d’un centre de ressources technologiques

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Jean-Marc Popot. Pascal Rémy

Après avoir passé les dix premières années de son existence à Lannion (Bretagne) et suivi ensuite ses parents en région parisienne, Jean-Marc Popot après l’obtention d’un bac C a choisi, parce qu’il avait « une attirance pour les matières techniques et scientifiques », d’entrer à l’école des hautes études industrielles de Lille, d’où il est sorti diplômé en 1988 au terme d’un cursus de cinq ans.

Il effectue ensuite son service national au centre spatial guyanais pour le compte du CNES comme volontaire à l’aide technique. « Ce fut ma première activité en tant qu’ingénieur. J’ai travaillé au département qualité-fiabilité du centre spatial de Kourou. Une expérience extrêmement enrichissante à tous les points de vue aussi bien professionnel que personnel, pour la découverte de la Guyane et de sa forêt tropicale. Une région que j’ai adoré ».

Passé par Unimetal, Ovako et Whirlpool

À son retour en métropole, ce fils d’un ingénieur telecom et d’une enseignante en mathématiques démarre son parcours professionnel à Hayange (Lorraine) au laminoir Unimétal, une filiale d’Usinor-Sacilor fabriquant des rails de chemins de fer et existant encore sous le nom de Tata Steel. « J’y suis resté de 1990 à 1994, d’abord comme adjoint au responsable de production avant d’être ensuite intégré à un projet destiné à produire des rails de plus grande longueur. L’idée étant alors de les porter de 36 à 75 mètres ».

Alors en difficulté, le groupe métallurgique incite certains de ses salariés à partir. C’est en utilisant ce dispositif que Jean-Marc Popot débarque dans les Ardennes pour entrer comme responsable de production à l’usine yvoisienne Ovako (250 salariés), devenue depuis « La Foulerie ». « J’ai beaucoup aimé cette usine qui disposait d’une super équipe. En revanche, le management était épouvantable, ce qui m’a amené à partir au bout d’un an. »

Successeur de Georges Le Magnan à la tête du CRITT

Après cet épisode, Jean-Marc Popot est embauché en 1995 au sein de l’usine américaine Whirlpool qui produisait des laves-linges et sèches-linges à Amiens et était un concurrent direct d’Electrolux à Revin. « J’ai assuré durant six ans le poste de responsable de l’atelier tôlerie et peinture avant de rejoindre l’équipe R&D chargée de l’amélioration des produits lave-linge. Au bout d’un certain temps, je me suis senti de moins en moins à l’aise dans cette entreprise. D’abord parce que la production de lave-linge allait être transférée de Picardie en Slovaquie. Et aussi en raison de l’appartenance de cette PME à un grand groupe américain à la logistique très capitalistique, tournée vers l’actionnariat et beaucoup moins vers l’outil industriel, ce qui laissait finalement peu de prérogatives aux salariés. Cela ne me correspondait pas et, au fil du temps, je ne me suis plus senti à ma place, mais plutôt assimilé à un pion dans un secteur de la maintenance, techniquement passionnant mais très ingrat. »

« Ma formation initiale d’ingénieur m’a donné une grande culture générale en terme technique et scientifique. Ce qui m’a servi dans toute ma vie professionnelle. »

En 2002, Jean-Marc Popot se met alors en quête d’un nouveau travail. Il est embauché en tant que directeur-adjoint du Centre régional d’innovation et de transfert de technologie (CRITT-MDTS) de Charleville-Mézières aux côtés de Georges Le Magnan. « Etant un scientifique, j’étais très intéressé par ce centre de ressources technologiques atypique, à l’aspect très technique, qui m’offrait une belle opportunité professionnelle. Un retour dans les Ardennes ne me déplaisait pas non plus, car ma mère est originaire de la Meuse ». Et voilà 15 ans que Jean-Marc Popot gère ce centre de ressources technologiques dont la mission fondamentale est d’apporter aux industries des moyens techniques et scientifiques d’assez haut niveau pour les accompagner dans leur projet d’innovation. La cinquantaine de salariés (docteurs, techniciens et une dizaine d’ingénieurs), du Centre régional d’innovation et de transfert de technologie basé sur les sites de Charleville-Mézières (40 personnes) et Nogent en Haute-Marne (10), disposent de compétences pointues en expertise de matériaux et en traitement de surface et à son activité R&D.

Innover et prendre des risques

Le CRITT a su s’adapter aux évolutions du marché, au point de travailler pour Renault, Safran et Nadcap et de réaliser 25 % de son chiffre d’affaires à l’export. « Chaque année 250 à 300 entreprises font appel à nos laboratoires et plateformes technologiques ». Association loi de 1901, le CRITT fonctionne comme une PME mais sans actionnaire. « Nos clients qui sont les adhérents assurent 85 % de nos ressources. Le reste provient de subventions qu’on perçoit pour des travaux d’intérêts généraux et de l’impôt recherches. »

Au fil des années, le CRITT a su prendre un certain nombre de tournants en investissant, par exemple, dans la fabrication additive, ce qui lui a permis d’oeuvrer pour le médical, l’aéronautique, le ferroviaire, l’automobile, le luxe, la défense, l’énergie, la métallurgie et l’environnement. « Mais on doit trouver le juste équilibre entre la nécessité d’innover et la prise de risque. Tout cela sans s’enfermer dans un carcan idéologique et en étant un peu transgressif. Il faut dépasser un certain nombre de dogmes afin de progresser ». En début 2022, le CRITT Matériaux et Innovations s’est un peu dépoussiéré avec un nouveau site internet, un logo plus au goût du jour et une présence accrue sur les réseaux sociaux.