Emmanuelle Formentelli
Invités / Entretiens

Emmanuelle Formentelli

À l’écoute des entreprises

Lecture 8 min
Emmanuelle Formentelli s’est installée à son compte en créant à Troyes la société So’Créate. Nadine Champenois

Trente ans de management et d’expertise-comptable, plus de deux cents PME accompagnées et une centaine de dirigeants rencontrés : c’est une expérience professionnelle riche et variée qui a permis à Emmanuelle Formentelli de cultiver son goût pour l’organisation des entreprises. Au point de la décider à se former pour devenir coach certifiée. Elle vient de fonder à Troyes la société So’Créate, spécialisée dans le coaching individuel et collectif, le management de transition et la formation. La gestion et la comptabilité, elle est pour ainsi dire tombée dedans quand elle était petite, même si elle se serait bien vue vétérinaire aussi.

Fille d’un expert-comptable - qui à 87 ans est toujours aussi passionné par son métier - elle n’a finalement pas eu de questions à se poser quant au choix de ses études, qu’elle a suivies à Orléans. Et c’est avec en poche une maîtrise de sciences et techniques comptables et financières (MSTCF), qu’elle est entrée en 1989 à la Fiduciaire de France – qui deviendra KPMG, une société spécialisée dans le conseil et l’accompagnement des chefs d’entreprise dans leur développement.

Elle y sera employée comme collaboratrice, à Angoulême jusqu’en 2001, date à laquelle elle obtient son diplôme d’expertise-comptable. Avant de monter les échelons, en changeant de ville mais toujours au sein de la même entreprise. Elle déménage ainsi à Épinal en 2002 où elle occupe les postes de manager puis de directeur de missions. Elle devient ensuite actionnaire professionnel puis associée responsable du bureau de Troyes – comptant plus de vingt personnes – , dans le cadre d’un départ à la retraite. Elle restera en tout plus de vingt ans chez KPMG, « où cela se passait très bien ».

Secrétaire générale au coeur d’un groupe industriel

En 2010, Emmanuelle Formentelli entre chez l’imprimeur et transformateur d’emballages souples et semi-rigides Brodart Industries. Jusqu’en 2019, elle travaillera pour les différents sites de la PME, à Arcis-sur-Aube, Troyes, en Île-de- France, dans l’Yonne et dans le sud de la France.

« J’étais chargée de mettre en place des outils de pilotage autour des résultats mensuels et des coûts de revient. À ce titre j’encadrais, au niveau fonctionnel, l’ensemble des comptables. Pour moi, il n’y a pas de vrai management sans transmission de compétences et sans la volonté de faire monter en autonomie ses équipes », fait valoir l’ancienne secrétaire générale.

Avant d’ajouter : « C’est ainsi que l’on donne du sens au travail. C’est essentiel. On fidélise ses équipes en leur faisant confiance et en les encourageant à prendre des initiatives, c’est ce qui est motivant ».

Retour aux sources

Après neuf ans dans l’entreprise, elle quitte l’Aube en 2019 pour se rapprocher de sa famille, à Bordeaux. Embauchée comme directeur de région dans un cabinet d’expertise-comptable, elle fourmille d’idées à mettre en place, qui malheureusement ne rencontreront pas l’adhésion souhaitée. « J’ai toujours été limitée dans l’application de ce que je voulais faire. Il y avait des freins dans les structures », résume-t-elle. Cette expérience, vécue comme une erreur de casting, sera cependant à l’origine d’un déclic : « Je me suis rendue compte que quand je suis partie d’une entreprise, c’était à chaque fois à cause d’un problème de management qui bridait les initiatives sortant du cadre ».

« L’entreprise, cela doit être une équipe, dont les membres s’entraident. Or nous avons souvent des organisations aujourd’hui qui justement cloisonnent les services, ce qui nuit à la formation d’une véritable équipe. Tant que l’on ne le comprendra pas, on passera à côté de l’intelligence collective et de la performance qui en découle... Un manque de communication peut entraîner des failles dans la fiabilité des flux, et provoquer de fait une perte de performance, ajoute la dynamique passionnée. Faire confiance à ses collaborateurs (et pas seulement les cadres) est une des clés de la réussite d’une entreprise. Autrement dit, le management doit se faire d’abord par rapport aux bons éléments et aux personnes de confiance ».

En 2020, Emmanuelle Formentelli retourne sur les bancs de l’école pour suivre une formation de neuf mois en coaching des organisations et des dirigeants. Diplôme de coach consultant en poche – certification RNCP niveau 6, reconnue par l’État – c’est en juin 2021 qu’elle s’installera à son compte. « J’ai nommé ma société So’Créate en référence à Socrate, père du coaching (« faire accoucher les esprits par un questionnement adapté ») », explique-t-elle.

Coaching sur-mesure

So’Créate propose du coaching sur-mesure individuel et collectif, de la formation, et intervient également dans le management de transition, trois disciplines permettant à ceux qui y recourent de se sentir à leur place, confiants et performants.

« Le coaching tel que je l’entends passe par l’implication de la direction ou des personnes concernées dans la co-construction de modules afin de répondre à tout ce qui n’existe pas en termes d’accompagnement. Je peux par exemple construire avec le dirigeant ou son responsable des ressources humaines un support d’entretiens professionnels sur mesure adapté à sa profession, simple, compréhensible et qui aille au-delà de la contrainte légale. Et transformer ainsi une contrainte en opportunité », glisse la présidente de So’Créate. Dans le cadre de sa nouvelle activité, elle intervient également chez Pigier Troyes pour des cours d’analyse financière.

« J’ai déjà animé des jeux d’entreprise et j’aimerais également en créer pour faire comprendre certains impacts de nos décisions, par exemple, ou faire acquérir de nouvelles connaissances de façon ludique. J’avais d’ailleurs déjà piloté l’élaboration d’un tel jeu lorsque je travaillais chez Brodart », ajoute-telle. Après s’être rapprochée de la CPME, elle est d’ores et déjà en contact avec la CCI et la Chambre de métiers. Elle est également ouverte à des partenariats, convaincue que « deux cerveaux sont plus pertinents qu’un seul ».