Sébastien Pinçon
Invités / Entretiens

Sébastien Pinçon

Une double vie rondement menée.

Lecture 9 min
Portrait de Bruno Pinçon
Sébastien Pinçon est particulièrement fier d’accueillir de nombreuses entreprises ardennaises dans les locaux du 75, Forest Avenue. (Crédit : P. Rémy)

Avec une moyenne de plus de 50 000 personnes accueillies par an lors de ses soirées et un chiffre d’affaires de 300 000 euros, le 75, Forest Avenue est devenu un haut lieu évènementiel ardennais. De quoi satisfaire Sébastien Pinçon, le fondateur de l’établissement en 2013. Passionné de musique, celui qui avait suivi des cours particuliers de piano pendant sa prime jeunesse a œuvré dans l’évènementiel dès l’âge de 16 ans au sein de la société fumacienne « Sono animation », fondée par Jacky Pot « un ancien collègue de mon père chez Ardam Electrolux avec qui j’ai mis le pied à l’étrier en lui donnant des coups de mains sur des festivités ».

Ayant ainsi appris les ficelles du métier, Sébastien monte, en 1996, sa propre société de technicien du spectacle, « Mobil animation », en animant des mariages, bals, foires ou fêtes de village. Avant de devenir par la suite prestataire de services dans des espaces intérieurs moins risqués en organisant des nuits du jazz, des soirées cabaret, des galas de danse et des concerts pour diverses associations. « A l’époque, on arrivait dans une salle nue et on y installait toute la partie technique (éclairage, sonorisation, montage) de façon à en faire une scène ». Désireux de « voir encore plus grand et de développer du volume d’affaires », le natif de Revin franchit en 2010 une nouvelle étape pour assouvir sa passion.

« A l’origine, pour donner plus d’envergure à mon activité artistique, j’ai pensé acheter les locaux de la Porte de Flandre, un lieu de festivités carolomacérien où il m’était arrivé d’intervenir. Mais l’affaire n’a pu se conclure. J’ai alors cherché un bâtiment de 3000 m2 en centre-ville. Et après quelques mois de recherches, j’ai eu l’occasion de visiter un vaste entrepôt situé au 75, rue Forest ayant notamment servi de lieu de maintenance à l’usine Deville », raconte Sébastien Pinçon.

DEJA DIX ANS D’EXISTENCE

En 2012, il investit dans ce bâtiment qu’il transforme en l’espace de treize mois en un complexe ultra-moderne en brique rouge apte à recevoir des réceptions, des séminaires, des cérémonies, des congrès et bien sûr des spectacles. « Homologué par la commission de sécurité pour accueillir 1 250 personnes, ce lieu événementiel privé dispose de quatre salles d’une capacité d’accueil de 40 à 520 places sur une superficie de 900 m², jouxté d’un parking intérieur de 30 places. Il a permis de combler un manque dans ce domaine à Charleville-Mézières. Parfaitement approprié, il comprend une scène digne de ce nom et quatre salles climatisées et équipées de moyens modernes (wi-fi, vidéo projection HD, son haute-fidélité, fibre à très haut débit). Un service traiteur est par ailleurs proposé aux entreprises, associations ou particuliers souhaitant privatiser le lieu. Une solution complète et sur mesure. Plus de 60% des locations émanent d’entreprises locales, ce qui nous permet de générer du chiffre d’affaires ».

Concernant la partie spectacles, Sébastien Pinçon est devenu au fil des années son propre producteur. « On propose cinq à six pièces de théâtre par an, des thés dansants le dimanche, des one man shows, des soirées cabaret (transformisme, hypnose, mentalisme), des concerts devant une jauge de 600 personnes dont de supers « covers » (Beatles, Stones, U2, Depeche Mode, ACDC, Goldman.. ) ou des « classiques » qui marchent fort comme « les années 80 ou 90 », la soirée du
Nouvel An ou « La nuit du jazz ». Depuis le Covid, on voit que les gens ont besoin de se retrouver dans cette ambiance. ça fonctionne fort. On a un taux d’occupation élevé, notamment le week-end en affichant très souvent complet »
.

« Depuis le Covid, on voit que les gens ont besoin de se retrouver dans cette ambiance. »

Le « 75 » a aussi acquis une notoriété certaine dans le milieu artistique en faisant venir des humoristes comme Laura Laune, Arnaud Tsamère, Jean-Marie Bigard et Willy Rovelli, le guitariste Fred Chapelier et aussi l’Ardennaise Ornela Damperon, danseuse au Crazy Horse et fondatrice de la S.E.P’ARTY (« Sclérose en plaques Party ») qui a organisé, ici, une soirée mémorable réunissant 1000 personnes afin de reverser tous les fonds à l’association. Cette manifestation tourne depuis dans les plus grandes salles françaises. Préouvert en septembre 2013 à l’occasion d’un repas pour le festival mondial des marionnettes et officiellement inauguré le 11 octobre 2013, vingt-quatre heures avant la 19e nuit du jazz de Charleville-Mézières, le 75 Forest Avenue tourne toute l’année.

Le reste de l’ensemble immobilier (700 m²) est occupé par l’école de danse Moving Zone. « A l’époque, son directeur, mon meilleur ami Pascal Pereira, avait accepté de devenir propriétaire de ce local au lieu de louer une salle rue du 91e RI à Charleville Mézières. Son décès brutal en mai 2020 m’a obligé en mars 2021 et par la force des choses, à acquérir ce bâtiment afin d’acheter ma tranquillité immobilière. Avant de reprendre en 2022 la direction de studios MZ qui détenait Moving Zone ».

Aidé de trois salariés (un technicien, un agent logistique et une femme de ménage) et de son épouse, qui a quitté, en 2014, son poste en sérigraphie chez Ardam Electrolux à Revin pour devenir chargée d’affaires du « 75 », Sébastien Pinçon est aujourd’hui à la tête d’une Sasu. Grâce à son savoir-faire, elle a acquis une solide réputation. Le public a, en tout cas, vite suivi. « En partant de l’exemple de la Porte de Flandre, j’étais sûr de mon coup. Depuis, on a prouvé qu’on était considéré et nécessaire. L’affaire est viable à notre échelle ».

DOUBLE RECOMPENSE

Parallèlement à ce job très prenant, Sébastien Pinçon, après avoir travaillé en production chez Ardam Electrolux lui aussi, a été engagé en 1998 comme aide-comptable chez Dossot, une PME spécialisée dans le secteur électromécanique, le bobinage, la fourniture, l’installation et la réparation de pompes, moteurs électriques, palants et ponts roulants. « J’exerce cette double activité depuis près d’un quart de siècle », résume celui qui est devenu, en 2012, cadre administratif de la holding du groupe Dossot Industrie qui englobe trois sociétés et compte 44 salariés. En mars dernier, Sébastien Pinçon ne s’est pas déplacé pour rien à Vivier-au-Court où se tenait la sixième édition des Trophées des entreprises puisqu’il y a reçu le Trophée Or Tourisme pour sa réussite à la tête du 75, Forest Avenue alors que Dossot était récompensé d’un Trophée Argent dans la catégorie industrie.