Samuel Deglaire
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Samuel Deglaire

Une carrière béton.

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Portrait de Samuel Deglaire
Samuel Deglaire est, aujourd’hui, à la tête d’un organisme qui représente 3 400 salariés et 630 entreprises. (Crédit : P. Rémy)

À une abstention près, les 25 membres du conseil d’administration de la Fédération du BTP des Ardennes ont élu, le 29 novembre dernier, Samuel Deglaire au poste de président pour un mandat de trois ans. Après avoir intégré l’organisme en 2013, fait partie du bureau en 2016 et avoir été le premier vice-président, le nouveau venu succède à Christophe Jacquemard dont il était le bras droit.

UNE JEUNESSE EN SECTEUR RURAL

Fils d’une chimiste devenue ensuite directrice de l’association Familles Rurales et d’un agriculteur de Champigneulles-sur-Vence, Samuel Deglaire a passé une jeunesse classique dans ce village des Crêtes Préardennaises en pratiquant le tennis et le football à Poix-Terron et Prix-lès-Mézières tout « en donnant pas mal de coups de main aux travaux d’aide à la ferme familiale les mercredis et les week-ends ».

« Par ailleurs, durant l’été et à partir de 16 ans, j’ai travaillé régulièrement dans une entreprise de travaux publics locale : la STP Vence. C’est le fait d’avoir côtoyé ce milieu qui m’a ensuite orienté vers ce secteur d’activité plutôt que vers une carrière militaire qui m’attirait alors. Travailler ainsi durant six ans et pendant mes congés scolaires sur des chantiers a probablement déclenché ma vocation. En tout cas, après avoir commencé comme manœuvre et posé des bordures, j’ai été amené par la suite à être conducteur de tracto-pelles car j’avais déjà l’habitude de manier des engins agricoles. Comme j’étais un peu considéré comme ‘‘la clé de douze’’, il m’est souvent arrivé d’aider le chef de chantier », se souvient-il. Il apprécie le travail à l’extérieur, les relations humaines, un métier aux tâches non répétitives et aussi « l’acte de construire qui était déjà un peu naissant ».

TRAVAUX SOUS TERRE POUR LE MéTéOR

Si bien qu’au début des années 90, après l’obtention d’un baccalauréat D au Lycée Saint-Rémi de Charleville-Mézières et d’un DUT option bâtiment, Samuel Deglaire a été boosté par ses deux années à l’IUT Léonard de Vinci de Reims. « Véritablement motivé, j’ai décidé de passer un diplôme d’études aux techniques supérieures, avec option travaux souterrains. Et, en 1995, alors que j’arrivais à ma dernière année d’études, j’ai été recruté comme technicien par Spie Batignolles qui embauchait des jeunes prêts à effectuer des travaux spéciaux sous terre et dans l’eau. J’ai ainsi travaillé comme assistant chef de chantier en contrat d’apprentissage pour le compte de la société de BTP, en œuvrant dans les tunnels. » Il a alors été en alternance six mois sur le chantier de construction du métro parisien, le Météor, la ligne 14 actuelle, et six mois en formation sur le site de l’IUT d’Egletons (Corrèze).

« J’ai pris goût à ces responsabilités. Pour moi, c’est une manière de défendre les intérêts de la profession »

Ayant beaucoup appris cette année-là en travaillant des kilomètres à l’horizontale à une vingtaine de mètres sous terre à Paris, apprenant des techniques particulières, des problématiques d’approvisionnement de béton et d’acier et des moyens de production exceptionnels pour forer, Samuel Deglaire a ensuite passé son service militaire au 3e Régiment du Génie de Charleville-Mézières.

EMBAUCHE CHEZ BANA AVANT D’EN PRENDRE LA DIRECTION

Une fois sorti de l’armée, Samuel Deglaire est embauché en juillet 1996, par l’entreprise Bana à Sedan, pour seconder le dirigeant de cette SAS, Mistral Bana, qui chapeaute alors une douzaine de personnes. Pour son entrée dans la vie active, il débute comme conducteur de travaux puis chef de chantier et apprend les rudiments du bâtiment sur le terrain en suivant un cycle de direction d’entreprise Aproba. « Avec le dirigeant qui avait créé cette société en 1992, nous avons ensuite tranquillement développé l’entreprise pour lui faire atteindre un rythme de croisière intéressant ». En 2009, il a l’opportunité de reprendre la PME. « On a alors revu les domaines de réalisation de l’entreprise, en passant d’un 100 % génie civile en 1992 à une activité qui, aujourd’hui, tourne à 50 % sur du bâtiment industriel (construction d’usines, équipements pour des process) et à 50 % sur du logement (bâtiments tertiaires, gymnases…). » Ces deux branches de métier appelant des particularités et des technicités différentes dans leur exécution.

Devenu un acteur important dans le département (35 salariés, 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires), Bana qui fête ses 30 ans cette année, a pris part à des marchés majeurs, comme la réalisation de l’IUT du campus Sup Ardenne avec Gabella et Palombo, l’édification du pôle culturel de Sedan « de loin l’ouvrage le plus compliqué que j’ai été amené à faire en raison d’une architecture spécifique et des boites jetées au-dessus du vide », ou encore les deux extensions de l’usine Amada de Charleville-Mézières, « une des plus belles opérations que nous avons faites en milieu industriel », et dans le même cadre le déplacement de l’entreprise Wheelabrator.

Ayant déjà affiché très jeune ses dispositions à l’animation et à la gestion à la tête de l’association de jeunesse de Champigneulles-sur-Vence dont il a été le président de 16 à 21 ans, ce père de trois enfants s’est impliqué, par la suite, dans différentes instances. À la CCI, dont il est devenu le trésorier et, dès 2013, à la Fédération du BTP. « J’ai pris goût à ces responsabilités. Pour moi, c’est une manière de défendre les intérêts de la profession, nous faire entendre tout en accompagnant mes collègues à trouver les outils techniques, juridiques et sociaux ainsi que les aides dont ils ont besoin pour se développer et passer le cap des transitions énergique et numérique ».