Jérémie Vandevelde
Invités / Entretiens

Jérémie Vandevelde

Plus loin, plus haut, plus fort.

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Photo de Jérémie Vandevelde
Cette année, Jérémie Vandevelde a accompagné un groupe de résidentes d’une maison de retraite qui ont relevé le défi de monter les marches menant au 1er étage de la Tour Eiffel. (Crédit : DR)

C’est en grande partie grâce à lui que six résidentes de 84 à 99 ans, de l’Ehpad troyen de Saint-Vincent-de-Paul, ont relevé le défi de monter les 327 marches menant au premier étage de la Tour Eiffel. C’était le 15 mai dernier. L’exploit a même été relayé par de nombreux médias dont France Télévision.

« La ligne directrice de cet événement, c’est le côté humain. On valorise les personnes quand on les considère »

Le préparateur physique et mental aubois a créé en 2012 Winphys pour œuvrer dans le domaine du sport, auprès des entreprises et des particuliers. Ainsi qu’auprès des personnes âgées : « Mon but est de leur permettre une plus grande autonomie et de développer de nouvelles compétences ».

Et si au cours de ses études, Jérémie Vandevelde a voulu s’orienter vers une licence d’activité physique adaptée à la santé, c’est d’ailleurs « notamment en raison de [sa] grand-mère, qui était en mauvaise santé, à ce moment-là ». En se disant que, « avec l’activité physique, [il] pourrai[t] peut-être l’aider ».

Décidé, dès le lycée, à aller travailler dans le monde du sport, il s’oriente vers l’université de sport de Dijon (STAPS, Sciences et techniques des activités physiques et sportives).

Un choix que son entourage n’encourage pas vraiment, c’est le moins que l’on puisse dire : « J’étais bon en sport, mais pas assez bon pour m’engager dans cette voie, cela allait être compliqué pour moi, me disait-on ». Il n’en faut alors pas davantage pour le motiver encore plus. Réussir, absolument, devient dès lors son challenge.

Formation à la notion de performance

À l’université, la notion de multi-sport lui permettra de valider ses deux années. « Je savais qu’il y allait avoir de la demande dans le domaine de la santé et du sport. J’ai demandé à faire un stage, supplémentaire, dans un centre de rééducation pour découvrir ce métier. Cela m’a beaucoup plu », se souvient-il.

Suivi, à ce moment-là par un ostéopathe, suite à une blessure à un genou, il sera mis en contact par son intermédiaire avec les parents d’un jeune sportif de 14 ans, Antoine Lepesquieux, champion de karting : « Il se blessait et avait des hématomes. Il avait besoin de renforcement musculaire ». Après avoir aidé ce jeune sportif, il lui semblera indispensable de se former à la notion de performance.

« C’est vraiment son accompagnement qui m’a lancé dans ma démarche d’aller voir les directeurs de l’université de Dijon. Mon projet était de pouvoir connaître le monde de la santé et de l’activité physique et en même temps d’avoir des notions pour les sportifs de haut niveau », précise Jérémie Vandevelde. Décrocher en parallèle un diplôme universitaire, sur deux ans, de préparateur physique, nécessite cependant d’avoir une licence d’entraînement sportif.

Le jeune passionné obtient alors l’opportunité d’être dispensé de sa présence à certains cours de la licence pour pouvoir suivre ceux préparant au diplôme de préparateur physique. Il obtiendra sa licence et validera sa première année du diplôme universitaire. « D’autre part, mon sportif n’allait plus chez le kiné, son problème aux niveaux musculaire et articulaire était résolu. Il est devenu champion de France et 14e au championnat du monde. Ce qui m’a valu une petite reconnaissance à l’université », se félicite-t-il.

Licence en poche, Jérémie souhaite alors se recentrer sur un master en entraînement, préparation physique, mentale et management du sport. Un stage à L’Estac, auprès de Sébastien Renaud sera pour lui l’occasion de vivre une deuxième expérience enrichissante, « d’apprendre à accompagner correctement les sportifs ». Il œuvre ainsi à ses côtés pendant trois ans au centre de formation de l’Estac.

« Plus j’avançais dans mes études, plus je prenais du plaisir, plus j’avançais aussi avec mes sportifs et plus je montais dans mes moyennes scolaires », analyse le passionné.
Avec en poche son diplôme universitaire de préparateur physique, il se lance un nouveau défi en préparant à Dijon le diplôme universitaire pour être préparateur mental. « J’ai beaucoup appris sur la gestion émotionnelle », se félicite-t-il.

Il finit ainsi ses études en étant le meilleur étudiant de l’université. « C’était un réel plaisir de remettre en situation ce que j’apprenais à l’université, par exemple auprès de sportifs lors des 24 heures du Mans Karting », relate-t-il.

Avec en poche son master en entraînement, préparation physique, mentale et management du sport, Jérémie Vandevelde projette alors de s’installer comme préparateur physique à Troyes, en tant que professeur d’éducation physique adaptée à la santé. Hélas, au moment de demander sa carte professionnelle, il apprend que seule la licence est reconnue pour pouvoir exercer.

« Je ne pouvais entraîner que des personnes ayant des pathologies et pas des sportifs de haut niveau, contre rémunération », déplore-t-il. Déjà titulaire du master, il s’attelle donc à passer en 2012 une licence d’entraînement sportif.

Création d’entreprises

Nouvelle licence en poche, il crée l’entreprise Winphys en 2012. Ses activités vont de la préparation physique des sportifs individuels (golf, automobile, patinage, tir à la carabine, moto-cross…) à la prévention auprès des salariés de différentes entreprises, en passant par les demandes en matière de santé et bien-être des particuliers. Il intervient également auprès des personnes âgées, avec pour objectif de développer leurs capacités.

« Le dernier projet avec la résidence Saint-Vincent-de-Paul s’est tourné vers l’objectif de réapprendre à monter des marches, afin de développer l’autonomie des personnes et faire en sorte de prévenir les chutes », explique-t-il.

Entraînées comme des sportifs de haut niveau pendant sept mois, les volontaires ont réussi progressivement à monter au cours d’une même séance huit fois les trois étages de la résidence. « Quand je leur ai annoncé qu’un jour, on monterait les marches de la Tour Eiffel, elles ne m’ont pas cru. Et pourtant, elles étaient même prêtes pour monter les deux étages ».

Avec l’aide de son beau-frère et afin d’améliorer le suivi de ses sportifs, Jérémie a également créé la société Winamoov et développé l’application « Best performance ». « Elle s’adresse aux professionnels, entraîneurs et sportifs, grâce à des séances personnalisées », précise-t-il.

« Actuellement et pour deux ans, je fais partie du bureau du CJD. Cela m’aide beaucoup en ce moment au niveau de la structuration de mon travail. Nos travaux en commission ont pour objectif de partager avec d’autres nos volontés de développement de nos entreprises, pour faire les bons choix et continuer d’apprendre. C’est une bonne école pour apprendre à être dirigeant, à être entrepreneur », glisse Jérémie.

Tourné vers les autres, de par son activité professionnelle et sa personnalité, il n’en oublie cependant pas qu’il a une vie personnelle :

« Quand on aime son métier, on est un peu moins disponible pour la famille, admet-il en pensant à Laura, son épouse, et à Manon et Marceau, ses enfants. On fait de notre mieux et on va essayer d’améliorer tout ça ».