Grégoire Loubatier
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Grégoire Loubatier

Un parcours déjà brillant.

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Photo de Grégoire Loubatier
Grégoire Loubatier a repris les rênes de la bijouterie familiale Masson en 2020. (Crédit : ND)

Travailler dans le commerce n’a pas été une évidence pour lui dès le départ, contrairement à ce que l’on pourrait supposer. Avant d’intégrer l’ESC Troyes, il avait même entamé des études dans l’informatique, un domaine qui le passionnait vraiment – et qui lui sert encore aujourd’hui.

« J’adore faire des créations graphiques. Mes parents m’avaient mis pas mal dans le dessin, la création. C’est pour ça que je suis parti sur ce projet-là. Mais, au final, la difficulté des débouchés et le besoin de devoir faire énormément de programmation – sinon, c’est peine perdue dans ce milieu – ont fait que j’ai abandonné », explique Grégoire Loubatier. Ce n’est qu’au fil du temps, en s’investissant dans différents secteurs d’activité qu’il a compris qu’il était vraiment fait pour le commerce. « Tout ce que je ne voulais pas faire, comme travailler au service client ou à l’assistance téléphonique, je l’ai finalement fait et ça m’a plutôt bien réussi. Et j’en étais plutôt très content », souligne le jeune Troyen.

Fin 2012, après avoir abandonné ses études d’informatique, Grégoire Loubatier travaille comme vendeur pendant huit mois chez son père, à la bijouterie Masson, à Troyes. Puis il entre à l’École supérieure de commerce de Troyes qui fait aujourd’hui partie du groupe Y Schools, où il prépare une licence de commerce, spécialité tourisme, une autre de ses passions.

Son tout premier stage lui fait découvrir le service haut de gamme de l’hôtellerie, en tant que réceptionniste polyvalent à la Maison de Rhodes, dans le centre historique troyen.

Puis, en 2016, toujours dans le cadre de ses études, il officie comme assistant de direction de la société Blue Nautic, à Épernay. « J’avais l’opportunité d’être un peu le couteau suisse et de découvrir toute la partie administrative et le management », fait valoir Grégoire Loubatier. Cette expérience lui permet d’approcher les domaines de la restauration et des activités nautiques, tout en le confrontant à la réalité du terrain.

« La directrice était passionnée par ce qu’elle faisait, même si elle croulait sous les problèmes. On était très soudés, même dans les galères, jusqu’à la fin du stage ».
Une autre expérience le destine en 2017 à devenir responsable marketing Web pour le Laos Mood Travel.

« Je travaillais avec un Français qui avait créé son tour-operator, directement basé au Laos, à Vientiane. Ça m’a permis de découvrir toute la partie communication et marketing. J’ai pu réutiliser mes acquis en site en ligne pour promouvoir le Laos et la boîte pour qui je travaillais, directement en France ».

Il est ainsi chargé de la mise à jour des sites internet, de la veille sur les outils marketing et la concurrence et du community managing. Sans oublier la création de contenu multimédia et les actions de promotion du pays, en travaillant sur les partenariats auprès d’une clientèle d’« expats » francophones. « C’était hyper enrichissant d’un point de vue professionnel et culturel. Pouvoir être proche de gens à l’autre bout du monde, ça ouvre les yeux sur autre chose, sur le tourisme très industrialisé, quand on regarde tous les packages, les montages. Là, les gens vont directement chez les partenaires développer les meilleurs réseaux », ajoute-t-il.

À la lumière de ses trois stages et du large éventail des métiers du tourisme qu’il a découverts, il ne s’est pas forcément senti à sa place au marketing. « J’aurais peut-être aimé davantage les domaines de l’organisation, le commerce étant plus ma voie », analyse Grégoire, très content malgré tout de ces expériences professionnelles.

Débuts dans une start-up parisienne

Avec en poche sa licence de commerce, il entre en 2017 dans la vie active en intégrant la start-up ManoMano, une place de marché de produits et services dans l’univers du bricolage. « Il me fallait un job, à Paris, car je suivais ma future femme, Juliette. J’avais le choix entre être réceptionniste dans quatre hôtels ou travailler au service client d’une très jeune start-up, qui employait alors moins de cent personnes – ils sont des centaines aujourd’hui. Même si c’était très différent de mon cursus, c’était une super expérience humaine. Le fait de découvrir le milieu des start-up qui fait un peu rêver – la fameuse boîte où il y a un baby-foot, où l’on peut parler à tout le monde, même les patrons, en tong et faire un peu de télétravail. J’ai retrouvé un peu cet esprit-là et découvert plein de méthodes. On était en pleine restructuration, j’ai pu voir tous les aspects de la start-up », relate-t-il.

Modérateur France et chargé de relation clientèle puis conseiller service client et référent logistique, il découvre ainsi pendant trois ans toutes les facettes du métier. Que ce soit en termes technologiques, juridiques et d’amélioration des procédures : « Je faisais un peu la passerelle entre la nouvelle logistique de ManoMano et le service client ».

Il se verra même proposer un poste à la logistique pour lancer des contrats cadres de transport avec les marchands : « C’était une belle opportunité mais mon père venait de décéder. Et après quelques mois de réflexion, ma compagne et moi avons décidé de revenir aux sources, après des années très intenses de vie parisienne. Juliette, qui est consultante pour un grand groupe américain avait alors acquis la possibilité de faire du télétravail. Aujourd’hui, nous sommes heureux d’être rentrés ».

Retour à Troyes

Depuis juillet 2020, c’est en tant que responsable des achats et stratégie qu’il représente la troisième génération de bijouterie Masson qui compte 8 personnes. Dans les faits, cela fait deux ans qu’il « incarne le patron de la boutique ». « En juillet prochain ou dans les mois à venir, je passe président », observe celui qui prend d’ores et déjà 80 % des décisions. En plus de s’atteler aux tâches administratives, à la gestion des achats et des litiges et d’être confronté aux soucis opérationnels, il reçoit également la clientèle.

« Même si j’ai toute confiance en mon personnel, j’ai du mal à déléguer », admet le jeune bijoutier. Dès son arrivée dans l’entreprise familiale, il a eu plusieurs défis à relever.

« Aujourd’hui, force est de constater que les décisions prises de manière assez globale ont permis de redorer l’image de la boutique, nos clients sont de retour, ils nous ont fait confiance »

« On se lance maintenant dans l’événementiel pour réinviter les gens en centre-ville, refaire découvrir le point de vente et ce qu’on sait faire ».

Avec l’objectif de monter encore en gamme afin de se démarquer. « L’idée est de casser les codes d’une bijouterie de quartier généraliste, avec une vitrine vieillissante, de moderniser nos systèmes, de lancer de nouveaux programmes pour nos clients fidèles. Et de refaire des travaux pour changer l’image », détaille-t-il.

Début juin, la bijouterie a par exemple organisé sa première conférence « Mythe, Magie et Réalité » qui a permis de faire découvrir une collection exceptionnelle de diamants certifiés, en provenance directe de l’une des plus grandes tailleries d’Anvers et uniquement pendant trois jours – la durée de leur séjour à Troyes après laquelle les diamants sont repartis en Belgique.