Christophe Juppin
Invités / Entretiens

Christophe Juppin

L’urgentiste de l’innovation.

Lecture 8 min
Photo de Christophe Juppin
Avec i-Tego, Christophe Juppin se lance dans un nouveau challenge passionnant. (Crédit : PR)

Co-fondateur de la start-up i-Tego avec son associé, Bertrand Degoy, ancien pilote de sous-marins lanceurs d’engins, Christophe Juppin vient de lancer la commercialisation de l’audioguide O-DGuide (prononcer en anglais) dans les locaux de Rimbaud’Tech. « Ce produit innovant permet, grâce un QR Code, d’accéder gratuitement à un audioguide multilingue. Imaginé dès 2021, il a demandé trois ans de développement », décrit Christophe Juppin. Cette application accessible via un smartphone (et qui ne nécessite pas de connexion internet) fait appel à deux technologies : la synthèse vocale et la traduction automatique, dans une quarantaine de langues, de commentaires, textes et informations diverses sur de multiples points d’intérêt (sites, œuvres, paysages, lieux d’hébergement, musées…).

Très économique et plus souple que les procédés classiques, O-DGuide présente aussi l’avantage de pouvoir actualiser à tout moment les données du contenu audio tout en permettant aux visiteurs de mieux appréhender les espaces visités. « Visiter un site dans sa langue maternelle, c’est un incontestable confort tant pour les adultes que les enfants », explique cet amoureux du patrimoine.

Seul homme parmi 100 femmes

En créant i-Tego, le Carolomacérien revient ainsi à ses sources ardennaises, lui qui avait commencé son parcours professionnel au sein de l’entreprise familiale, la Bonnetterie des Ardennes, implantée sur la zone industrielle de Mohon.

« Ma mère qui était directrice technique et commerciale m’a appelé à la rescousse au décès de mon oncle, propriétaire de cette PME. On fabriquait alors des vêtements pour enfants en maille. à l’époque, j’étais le seul bonhomme parmi les cent ouvrières. J’ai apporté ma pierre à l’édifice en faisant mes débuts sur le tas. Et après avoir suivi des cours de gestion, j’ai créé et dirigé deux sociétés filiales : Ardennes Broderie Confection et Calin Coquin ».

À la disparition de cet ensemble textile, celui qui avait entamé des études de pharmacie (sans suite) à Reims réoriente sa carrière professionnelle. D’abord comme auditeur comptable à Imprimerie SA à Revin puis en qualité de contrôleur de gestion chez Turquais Industrie à Raucourt-et-Flaba. Une expérience au bout de laquelle, il choisit de partir à Paris pour prendre, en 1999, la direction de…. l’Union Française pour la santé bucco-dentaire en étant le bras droit du Rémois Patrick Hescot.

Transfert de technologie et innovation

En août 2000, il revient en Champagne-Ardenne pour succéder durant sept ans à Virginie Berlioz au poste de directeur de Champagne Ardenne Technologie, un réseau de développement technologique alors basé à Châlons-en-Champagne. « C’est au sein de cette association, financée par l’Etat et la Région et créée par Hubert Curien qui fut un grand ministre de la Recherche, que j’ai pris goût au travail en réseau et au conseil en innovation. J’animais, coordonnais et professionnalisais des conseillers en développement technologique tout en apportant des conseils aux entreprises en accompagnant leurs projets et en instruisant leurs demandes de financement d’investissements à travers une aide régionale, la Prestation Technologique Réseau ».

Devenu une figure bien connue des conseillers Industrie, « l’urgentiste de l’innovation » comme certains l’appelaient affectueusement devient tout naturellement, en 2007, à la fusion d’Europole Agro et de l’incubateur ICAR, le responsable régional du réseau de développeurs en innovation et technologie de la nouvelle agence CARINNA (Agence pour la recherche et l’innovation en Champagne-Ardenne).

« L’attractivité et la valorisation des entreprises et des territoires, c’est ce qui a bercé toute ma carrière ».

Puis, en 2014, Christophe Juppin rejoint la CCI Meuse-Haute-Marne pour valoriser l’écosystème innovant. À ce titre, il fera vivre le Pôle Technologique Sud Champagne de Nogent et s’occupera de l’animation du cluster Nogentech qu’il aidera à rejoindre le réseau thématique Health Tech et la communauté French Tech Troyes. « Tout en créant de nombreux évènements. Comme « Les matinales technologiques », « Cinétech », « After Work Techno » et le Salon des savoir-faire industriels de Haute-Marne ». Sept ans plus tard, en 2021, retour à ses premiers amours. Il crée la SAS i-Tego qui, à l’origine, était vouée à la cybersécurité.

Le numérique à la rencontre du réel

Le développement de O-DGuide a permis de déployer une multitude de fonctionnalités qui représentent une révolution dans le monde du tourisme. Les possibilités quasi-infinies de la solution ont d’ailleurs amené l’Agence de Développement Touristique des Ardennes à signer une convention de partenariat avec les deux co-fondateurs. « Différents prestataires ont déjà fait appel à nous pour développer leur attractivité et leur fréquentation. C’est le cas pour le château de Montcornet, le parcours des fresques Rimbaud à Charleville-Mézières, le château de Taisne et le village des Riceys en Champagne (Aube) et des circuits du patrimoine à Nogent, Chaumont et Langres (Haute-Marne) ». Grâce à la géolocalisation et à sa souplesse de fonctionnement, ce guide vocal est aussi positionné sur l’itinérance pédestre et l’organisation de randonnées vertes sans nécessité de balisage.

« Avec l’aide de l’association des Saints ardennais, nous sommes en train de faire des reconnaissances sur le terrain pour faire émerger un parcours d’une semaine axé sur le patrimoine religieux des Ardennes avec, sur le modèle du chemin de Compostelle, des points d’accueil pour les pèlerins. Nous menons aussi des réflexions sur la voie verte et autour du Relais de Poste de Launois-sur-Vence. Nous sommes aussi en pourparlers avec des Maisons de Champagne, la communauté de communes des Crêtes Préardennaises, des hébergeurs touristiques et des restaurants. En espérant tisser aussi un réseau avec les collectivités locales et d’autres entités ». Pour Christophe Juppin, « ça va en tout cas plus vite qu’on imaginait. car on touche à une multitude de choses. La seule limite, c’est notre imagination ». Fier de son application ardennaise, il espère que celle-ci saura trouver son public pour voler de ses propres ailes très rapidement. « C’est une belle façon de boucler la boucle avant, on l’espère, de passer le relais à la tête de l’entreprise à des jeunes aptes à la prendre en mains ».