Alain Dervaux
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Alain Dervaux

La technologie au coeur.

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Photo d'Alain Dervaux
À la présidence du CRITT, Alain Dervaux entend donner plus de visibilité à l’institut. (Crédit : PR)

Jusqu’alors membre du conseil d’administration du CRITT (Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologies) « Matériaux Innovation » de Charleville-Mézières, Alain Dervaux est devenu l’été dernier le nouveau président de cette structure créée en 1984.

Employant 54 salariés sur deux sites – le Campus Sup Ardennes et Nogent en Haute-Marne – ce centre de ressources technologique apporte aux entreprises des prestations techniques, des analyses et expertises de haut niveau tout en les accompagnant dans le domaine de la recherche et du développement sur des problématiques liées aux matériaux.

Le nouveau président présente l’avantage de connaître parfaitement les rouages du CRITT dont il a tour à tour été depuis huit ans l’invité, l’administrateur et le secrétaire.

Débuts chez Outillages Renault

L’actuel Pdg de Bourgeois Moteurs a en effet déjà effectué un riche parcours professionnel. Ancien élève du Lycée Bazin, où il a obtenu un BTS productique, il a démarré dès l’âge de 21 ans comme opérateur de production à La Grandville, chez Outillages Renault, où il a gravi différents échelons (technicien CFAO, responsable contrôle-qualité) avant de finir, en 2001, directeur de la production.

« Cette première expérience professionnelle reste gravée dans ma mémoire. Je mesure la chance d’avoir travaillé sous la conduite de Gabriel Lepage qui m’a d’abord fait confiance en m’embauchant avant de m’inciter à suivre une formation continue pour devenir ingénieur. J’ai obtenu ce diplôme en 1995, à l’Institut des Techniques de l’Ingénieur de l’Industrie. Ce patron voulait par ailleurs et quel que soit notre statut, que l’on fasse nos preuves en travaillant au pied de la machine à faire des copeaux. »

De Visteon à Prisma

En 2001, Alain Dervaux poursuit son tracé en tant qu’auditeur interne chez l’équipementier automobile américain, Visteon, implanté à Charleville-Mézières. Une période de sept ans, au cours de laquelle il s’est familiarisé avec les finances, le marketing commercial et la qualité de l’organisation en exerçant comme ingénieur méthode et industrialisation (Lean manufacturing) et responsable maintenance outillage, en dirigeant 51 personnes.

« Outre le fait d’approfondir mes bases financières, j’ai aussi solidifié mon anglais que j’utilisais trop rarement. » Toujours dans le souci d’améliorer ses acquis, le Montcéen profite aussi de cette période pour passer, à ses propres frais en 2007, un MBA à Reims Management School.

Bloqué alors dans son évolution, il démissionne en 2008 et rejoint durant six mois Unilin, à Bazeilles, avant d’être débauché par le groupe Thyssen Krupp pour devenir directeur de production, maintenance et logistique de la branche fabrication de longerons poids lourds de Prisma à Carignan. À la tête de 140 personnes, il sera le bras droit de Pascal Vanderpoorte et Denis Muszalski.

« Seize mois très enrichissants au cours desquels j’ai apprécié d’œuvrer pour un groupe allemand qui, en période de crise, n’hésitait pas à investir en faisant rentrer des machines. Des investissements qui ont permis à Prisma d’être pleinement opérationnel au bout du tunnel. Une façon de faire efficace. »

« Je me suis toujours intéressé aux nouvelles technologies. »

Après 21 ans consacrés à l’automobile, Alain Dervaux s’oriente à partir de 2008 dans l’aéronautique en devenant directeur du département Moteurs et Forge de précision de la division Aerospace du groupe Manoir Industrie à Bologne (Haute-Marne). « Au bout de cinq ans et après avoir tapé plusieurs fois à la porte du DRH du groupe, j’ai compris que ma progression interne n’irait pas plus loin. »

Reprise de Bourgeois Moteurs

C’est ainsi qu’en décembre 2014, l’Ardennais qui souhaitait se mettre à son propre compte rachète la société Bourgeois Moteurs, une entreprise plus que centenaire appartenant alors à Daniel Allais. « Mécanicien garagiste à l’origine, celui-ci dirigeait cette TPE depuis une quinzaine d’années après y avoir été salarié puis responsable d’atelier. Il avait transféré Bourgeois Moteurs en 2007 sur la zone commerciale de la Croisette à Charleville-Mézières. »

À l’activité initiale – rectification de culasses et de villebrequins, réalésage de blocs moteurs et remise en état de moteurs thermiques – la société a ajouté au fil des années la vente de pièces détachées automobiles, la mécanique générale (fraisage, tournage et soudure) ainsi que l’usinage de pièces unitaires pour les particuliers, entreprises et services de maintenance. « En travaillant avec les garages ardennais, les propriétaires de voitures de collection, les agriculteurs, les passionnés de mécanique et les entreprises, nous réalisons 550 000 euros de chiffre d’affaires avec cinq salariés. Notre plus gros client, qui change d’une année à l’autre, représente 5 à 7 % de notre volume d’affaires. »

À 56 ans, toujours passionné par ce qu’il fait, Alain Dervaux veut encore aller de l’avant. Et après avoir repris Jointec (Douzy) en 2015 à la barre du Tribunal de commerce de Sedan et mis fin rapidement à cette idée en raison d’une divergence de vue avec son associé, il s’est lancé en mai 2022 dans le paramédical.

Avec un kinésithérapeute de Nouzonville, Brahem Messaoui, il a créé la start-up ELAB. Incubée à Rimbaud’Tech, celle-ci a l’ambition de concevoir, fabriquer et vendre une chaise d’inversion avec un mouvement supplémentaire destiné à soulager les problèmes de dos. « Ce projet sera bientôt breveté et nous sommes en passe de réaliser un prototype Echelle 1 mécano-soudé ».

Parmi ses projets, ce père de deux enfants de 27 et 32 ans entend aussi donner plus de visibilité au CRITT qui vient d’investir 130 000 euros dans un spectromètre à étincelles haut de gamme et 150 000 euros dans un microscope électronique à balayage. De quoi élargir encore davantage le spectre de ses activités.