Bien qu’originaire de Reims, Adrien Faitrop a passé toute son enfance à Attigny où ses parents tenaient un garage. Après avoir fréquenté le collège local, il poursuit ses études au lycée Val de Murigny de Reims, puis au lycée Bazin de Charleville-Mézières. Doté d’un bac électronique et d’un BTS « assistance technique d’ingénieur », il continue à l’IFTS en 2003 pour obtenir après la licence et la maîtrise, un master bac + 5 « génie des matériaux ». « Ces années m’ont permis de me familiariser avec les métiers de la métallurgie », admet-il. À la sortie de l’IFTS en 2006, il bénéficie d’un contrat à durée déterminée chez l’équipementier automobile Trelleborg sur à Poix-Terron où il sera pendant un an chef de projet.
« L’objectif qu’on m’avait fixé était de transférer et de réindustrialiser des équipements. Une première expérience professionnelle enrichissante qui m’a permis de découvrir l’organisation industrielle ». Après cette entame de carrière, Adrien Faitrop quitte les Ardennes à destination de Lure (Haute-Saône) pour rejoindre de 2007 à 2009 le groupe Faurecia. Deux années durant lesquelles, il occupe le poste d’ingénieur développement.
En 2009, la mise en place d’un plan social accompagné d’une restructuration au sein de l’usine lui ouvre l’opportunité de prendre, en plus de sa fonction initiale, un poste d’ingénieur innovation. Une double casquette qu’il va assumer jusqu’en 2011. « Cela m’a permis de travailler davantage avec des équipes marketing du siège parisien et d’élargir mon réseau personnel au travers de différents projets menés en commun avec des gros clients automobiles allemands, type VolskWagen ».
Retour dans les Ardennes
Après la naissance de sa fille, le couple Faitrop exprime alors le souhait de revenir dans les Ardennes. Adrien intègre l’usine américaine Visteon et son site carolomacérien. Durant quatorze mois, il effectue une mission d’ingénieur développement, métier qu’il connait bien. « Je devais assurer la mise en place et l’essor d’une nouvelle ligne de production dans le cadre de la fabrication des blocs de climatisation des véhicules Ford BMAX. Après un an et demi, on m’a demandé de prendre la responsabilité d’une partie de l’atelier pour devenir responsable d’une unité autonome de production ».
« Je souhaite poursuivre la modernisation de l’entreprise pour être capable, demain, de proposer un service clé en mains à nos clients et apporter davantage de valeur ajoutée sur nos produits finis. »
Entretemps, Visteon placé dans le giron d’un groupe Coréen, deviendra Hanon Systems. Adrien Faitrop évolue alors vers un poste de directeur des opérations et de production qu’il occupe de 2014 à 2018.
Pdg de Forgex France
Adrien Faitrop va profiter de l’expérience accumulée chez l’équipementier comme d’un vrai tremplin. Il donne ainsi une nouvelle orientation à sa carrière en tant que chef d’entreprise lorsqu’il devient directeur industriel de Forgex France, un groupe comptant deux unités de production à Monthermé et à Nogent-en-Bassigny (Haute-Marne). « Dominique Lemaire, le président, m’avait recruté à ce poste pour l’accompagner. Il avait en effet besoin d’un collaborateur car le groupe avait étendu son périmètre d’action en acquérant deux forges en Suède, en plus de celle existant déjà en Pologne. Je devais donc l’épauler sur les deux entreprises françaises ».
Dominique Lemaire ayant stoppé son activité, l’actionnaire principal de Forgex Group, Hugh Aiken, patron du fonds d’investissement chapeautant Forgex Group, décide une réorganisation interne qui aboutit à l’émergence d’Adrien Faitrop comme grand patron de Forgex France. « Aujourd’hui, je suis donc à la tête d’un ensemble de 220 personnes où je répartis mon temps de travail à 50% sur l’un et l’autre des deux sites ardennais et haut-marnais. Les 130 salariés de Monthermé sont spécialisés dans le forgeage à chaud de pièces métalliques allant de quelques grammes à une trentaine de kg. Une production en petite et moyenne série destinée à des marchés comme le poids lourd, le ferroviaire, le machinisme agricole, le levage et à des clients historiques comme Volvo, Renault ou Alstom ».
Le chiffre d’affaire de l’usine avoisine les 25 millions d’euros. Elle fabrique 8 000 tonnes d’acier forgé écrasé à l’année et exporte 40 % de sa production à l’export, notamment en Allemagne, Norvège et au Brésil. Après avoir connu des périodes extrêmement compliquées qui ont failli entraîner sa disparition, ce site aujourd’hui ressuscité est en pleine transformation industrielle. Car Forgex y a investi dix millions d’euros depuis sa reprise.
Une réflexion sur une nouvelle usine
« Dans la continuité de ce qui a été fait par mon prédécesseur, je souhaite poursuivre la modernisation de l’entreprise pour être capable, demain, de proposer un service clé en mains à nos clients et apporter davantage de valeur ajoutée sur nos produits finis ». Pour pérenniser l’outil de production de la vallée de la Meuse et son personnel, Adrien Faitrop mise sur la prospection commerciale pour développer de nouveaux business, la fiabilisation du parc machines avec des technologies encore plus pointues et la formation interne et externe.
Même si l’ensemble des indicateurs est au vert, le Pdg de Forgex France souhaiterait, tout de même, améliorer une infrastructure historique devenue vétuste. « C’est un bâtiment qui nécessite des coûts d‘entretien et environnementaux importants. Nous serons donc, à terme, amenés à avoir une réflexion sur la construction d’une usine neuve qui pourrait d’ailleurs exister sur le terrain de 80 000 m2 que nous possédons ici même. Il y a un vrai potentiel sur place. »