Hommes et chiffres

Noël Bourgeois : « On résiste »

Département. Dans un contexte ardu, le Conseil départemental des Ardennes, après s’être serré la ceinture dès 2018, parvient malgré des difficultés financières à investir dans des projets ambitieux.

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Photo de Noël Bourgeois
Noël Bourgeois, président du conseil départemental des Ardennes déplore encore une fois le manque de compensation de la part de l’Etat. (Crédit : PR)

Encore impacté en 2023 par les décisions prises unilatéralement par l’Etat qui lui a imposé 14,4 millions d’euros de charges sociales par ailleurs très mal compensées (à peine 2 millions d’euros), le Département des Ardennes dans un contexte compliqué vient de présenter ses comptes administratifs, marqués par un déficit de fonctionnement de 1,3 million d’euros. Le cumul des excédents des années antérieures a toutefois permis à Noël Bourgeois de reporter 33 millions d’euros au budget supplémentaire 2024 et d’alimenter ainsi certaines lignes (protection de l’enfance, aides aux personnes handicapées, insertion..).

Haro sur le « manque de courage de l’Etat ». « Reste qu’on déplore une fois encore le manque de compensation de l’Etat qui met clairement en difficulté notre collectivité. Ce qui me fait dire que si rien ne change, nous serons encore obligés de raboter sur les actions volontaires et se poser des questions sur les plans d’aide. Et on fera payer à nos concitoyens le manque de courage de l’Etat qui ne compense pas à sa juste hauteur ses propres décisions », estime le président de l’exécutif ardennais.

« Il faut savoir d’où l’on vient »

« On a beau alerter en permanence les cabinets ministériels, essayer d’obtenir des rencontres au plus haut niveau où on vous écoute poliment, on ne voit rien venir ». Et de rappeler : « Il faut savoir d’où l’on vient et voir les choses en face. La politique de rigueur que nous avons imposée dès 2018 en serrant les boulons envers les collectivités locales, en réduisant les actions volontaires et en ne renouvelant pas cinquante emplois nous a permis de dégager des excédents à hauteur de 33 millions d’euros, de désendetter la collectivité de 63 millions d’euros et de rembourser 90 millions de dettes sur les 120 millions que nous avions à régler auprès des tiers. Nous marchons encore sur des œufs mais il n’y a pas d’autres recettes quand l’Etat ne fait pas plus d’efforts ».

Une stratégie qui ouvre tout de même au Département la perspective de pouvoir concrétiser quatre projets d’ampleur d’ici 2028, pour un montant global de 43 millions d’euros. Dont 21 millions d’euros seulement à la charge de la collectivité en comptant les subventions.

Quatre projets d’envergure

Il s’agit de la réhabilitation/reconstruction du collège de Monthermé pour regrouper les effectifs de deux établissements sur une emprise de 7 121 m² (15 millions d’euros TTC), le développement de la maison des sports de Bazeilles pour renforcer son offre sportive avec la réalisation d’une salle multisport (11 millions d’euros) et la restructuration des stations touristiques des Vieilles-Forges et de Bairon (17,5 millions d’euros). « On continuera aussi d’injecter dans les routes départementales et sur nos bâtiments ».

Mais Noël Bourgeois tend néanmoins le dos. « Ce ne sont pas les dernières annonces sur le déficit de l’Etat qui peut nous laisser entrevoir un avenir meilleur. Bien au contraire, puisque les collectivités doivent s’attendre à être mises à contribution. Bref, on est mal barrés… Je ne sais pas à quelle sauce, on va être mangés mais on peut déjà se poser des questions ».