Fränkische aime la pluie
Environnement. Les changements climatiques demandent à l’entreprise de gestion des eaux pluviales de s’adapter pour capter l’eau et la restituer à son milieu naturel.
« Nous avons de beaux jours devant nous », se réjouit Géraldine Rousseau, directrice commerciale et marketing de la filiale auboise Fränkische à Torcy-le-Grand, l’une des rares entreprises à apprécier les pluies diluviennes. « Nous sommes dans un virage du marché où nous devons finalement, pas seulement vendre du produit, mais aussi par exemple, accompagner une collectivité qui aurait la moitié de ses lotissements inondés six mois dans l’année à cause du dérèglement climatique. »
La solution de Fränkische consiste à capter l’eau pluviale au moment où elle tombe et à la stocker pour pouvoir la réutiliser aux périodes de sécheresse. Si beaucoup d’entreprises du plastique concurrencent Fränkische, l’acteur « reste droit dans ses bottes » avec des produits certifiés et garantis 50 ans minimum. Avec le bâtiment, le secteur agricole et surtout les collectivités, avec la voirie et l’installation de réseaux d’eaux pluviales – le cœur de marché de l’industriel – Fränkische transforme 12 000 tonnes de plastique dans son usine auboise. Les solutions de captage souterraines permettent de capter les déchets du ruissellement pour concentrer la pollution en un endroit.
Les bassins conçus avec 96 % de vide d’air font également office de bassins de tamponnement pour absorber des pluies qui, normalement, n’arrivent que tous les siècles et qui aujourd’hui se produisent tous les dix ans. « Nous devons anticiper ce changement et le bureau d’étude y travaille. Tous les experts ont perdu leurs repères. » En France, le plus gros bassin réalisé se situe sous le centre d’entraînement du PSG avec une capacité de 9 000 m³, soit l’équivalent d’un paquebot enterré dans le sol.
Industriel du plastique : la double peine
Fränkische dispose d’un atelier de 5 000 m² avec 7 lignes de production pour fabriquer les blocs en injection et les tubes en extrusion. 655 000 pièces et 5 millions de mètres de tubes sont sortis des lignes en 2023. La matière première est stockée dans douze silos de 100 à 110 tonnes par silo avec 90 % de polypropylène et de polyéthylène.
« 90 % de notre matière est recyclée », explique Ameni Triki, directrice du site. « 41 % provient de notre société mère et 5 % provient d’un fournisseur français, c’est une proximité que nous recherchons. » La difficulté résidant dans les volumes car il faut que le fournisseur soit capable de fournir non seulement le site de Torcy mais aussi tous les autres. Le spécialiste de la gestion des eaux pluviales a pleinement conscience d’une nécessaire transition. « Comment être le plus vertueux possible avec un produit en plastique ? En tant qu’industriel et en tant qu’industriel du plastique, ça fait une double peine », poursuit Géraldine Rousseau. Le fait d’être la seule solution certifiée par le CSTB et fabriquée en plastique recyclable, ne suffit pas à certains acteurs qui préfèrent le prix à la durabilité.
L’industriel est engagé dans une démarche RSE qui émane de France et engage le Groupe avec un premier bilan carbone en 2013. « On reste un industriel, la neutralité semble difficile à atteindre donc nous travaillons sur la compensation », poursuit Géraldine Rousseau. « Nous travaillons avec Vivescia sur la possibilité de financer des exploitations agricoles et permettre à certains agriculteurs d’agir en faveur de la décarbonation ». Sur le site, les 600 000 kg de déchets sont broyés et renvoyés en Allemagne pour être regranulés et réutilisés. Le volume n’étant pas suffisant pour être traité sur place.
Avec de bons chiffres en 2023, Fränkische entend bien poursuivre sa croissance, agrandir son espace de stockage et diversifier son activité avec la « technologie du bâtiment » et la ventilation à récupération de chaleur déjà présente en Allemagne. L’industriel emploie 58 personnes dans l’Aube dont 35 en production. Avec un chiffre d’affaires de 27 millions d’euros sur ce site 2023, Fränkische vise les 53 millions d’euros à 5 ans.