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2023 : une croissance tous secteurs confondus à confirmer en 2024

Conjoncture. La Banque de France de la Marne a dévoilé le panorama économique de la rentrée à travers une enquête de conjoncture et un aperçu reprenant les données fournies par les entreprises à date.

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Graphiques de la situation économique en 2022, rebond de l'activité
(Crédit : BANQUE DE FRANCE)

Après deux années jalonnées par différentes crises, la situation économique 2022 est marquée par un rebond de l’activité dans tous les secteurs : industrie, services marchands, construction et commerce.

« Les données sur lesquels nous avons travaillé sont des données « spot », des données réelles, issues de l’analyse des bilans 2022 des entreprises cotées Banque de France, c’est-à-dire ayant un chiffre d’affaires supérieur à 750 000 euros », indique Louis Retornaz, le Directeur départemental. Cela concerne presque 30 000 entreprises du département de la Marne. L’évolution du chiffre d’affaires est ainsi positive dans tous les secteurs, avec même une progression à deux chiffres (17,9% dans l’industrie, 15,8% dans les secteurs marchands, 12% dans le commerce), sauf dans la construction (7,2%). « Cela démontre la capacité des entreprises à répercuter la hausse des coûts de leurs intrants. »

Ainsi, si l’on parle de la crise de l’énergie par exemple, les entreprises ont été 44,7% à augmenter leurs prix de vente pour y faire face quand 44,3% ont choisi de faire des économies. La hausse du chiffre d’affaires s’accompagne d’une hausse des effectifs (+5,3% dans les services marchands, +2,6% dans le commerce, +1,2% dans l’industrie, +1% dans la construction). « Ces données concernent le personnel permanent, hors intérim, ce qui est plutôt satisfaisant. »

Résilience des entreprises

S’il on place le focus secteur par secteur, l’ensemble des données démontrent une « bonne résilience des entreprises avec des marges préservées ». Si le seuil de rentabilité a légèrement baissé, le taux d’endettement a diminué passant de 26,4% en 2021 à 26,1% en 2022. Le taux d’investissement a aussi baissé, de manière toute relative, de 22% à 20,6%. Pas forcément un objet d’inquiétude, « les entreprises ont consolidé leurs investissements ».

La situation dans les services marchands est peu ou prou la même, avec « un léger fléchissement des résultats rapportés à l’activité (5,4% en 2021 et 4,8% en 2022) ainsi qu’un poids des investissements moins prononcé (22,3% en 2021 et 21,4% en 2022) ». Idem dans la construction et le commerce avec une quasi stabilité aussi bien de la rentabilité que du taux d’endettement ou de celui de l’investissement.

Quant aux prévisions économiques des entreprises elles-mêmes, au printemps 2023, elles restent « prudentes ». En effet, concernant les carnets de commandes, 45% estiment qu’ils seront stables durant l’année quand 22,4% les estiment en augmentation de 10%, 8,9% en hausse jusqu’à 20% et 8,5% en hausse de plus de 20%. Un relatif optimisme donc. Même tendance pour les chiffres d’affaires avec des proportions quasi similaires (8,4% le voient en baisse jusqu’à 10%). L’enquête de milieu d’année réalisée par la Banque de France révèle que les prévisions initiales, si elles étaient prudentes sont meilleures en situation actualisée.

Dans l’industrie par exemple, les prévisions des entreprises du secteur tablaient sur une augmentation de 4,6%. En milieu d’année, elles étaient en réalité de + 8,1%. « Une réalité qui tient quasi exclusivement au secteur automobile, car sans celui-ci, on serait à +4,4% », précise Louis Retornaz. De même pour les effectifs (+1,1% de prévision pour +2,1% en réel).

Situation un peu différente dans les services marchands où les prévisions étaient plus optimistes que prévu (+1,2% de CA et 0% en réel ; +2% pour les effectifs, 0 en réel). Le secteur de la construction a bien résisté, même s’il avait de meilleures prévisions concernant les effectifs que l’actualisation (+0,4% contre 0%). « C’est l’étude des sous-secteurs qui est en réalité parlante, car l’évolution est hétérogène. Le secteur des travaux publics est en retrait, avec des chantiers pour les infrastructures en baisse, en cause des appels d’offres qui parfois ne trouvent pas preneurs. On est sur du temps long. Le secteur de la construction des logements neufs est aussi fortement en retrait. »

2024 en question

En résumé, la situation économique des entreprises se révèle plutôt bonne, avec une reprise post-crise covid et guerre en Ukraine. Une situation qui tend à se « normaliser », où de nombreux indicateurs reviennent à leur niveau de 2019. Pour autant, la grande inconnue reste l’évolution en 2024. La reprise continuera-t-elle sur les mêmes niveaux de progression ? L’économie sera-t-elle toujours soutenue, avec une baisse de l’inflation et une augmentation du pouvoir d’achat et de la croissance.

La Banque de France, en tous les cas, s’y emploie notamment avec l’ajustement des taux directeurs. « C’est le sens de notre mandat. Ramener l’inflation à 2% en 2025. À cette échéance, la croissance du PIB augmenterait pour atteindre 1,3 % », insiste Louis Retornaz.