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Quatre collectivités pour un projet de territoire innovant et connecté

Aménagement. Quatre collectivités du territoire de Châlons-en-Champagne (Châlons, Saint-Martin-sur-le-Pré, Fagnières et une partie des services de Châlons Agglo) construisent ensemble, « Connecte Châlons », un projet d’aménagement « connecté et durable », concernant notamment la performance énergétique de l’éclairage mais aussi des bâtiments publics. Ce projet, réalisé pendant 12 ans dans le cadre d’un marché global de performance, a été attribué au groupement d’entreprises mené par Bouygues Énergies & Services.

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Photo de Sabine Lunel-Suzanne et Yann Deslandes
Sabine Lunel-Suzanne, Directrice Projets & Transformation et Yann Deslandes, Directeur Régional Hauts de France / Champagne-Ardenne Infrastructures extérieures chez Bouygues sont venus expliquer les détails de la mise en place du projet de territoire dans le cadre d’un Diner Débat organisé par Châlons Agglo en partenariat avec les Petites Affiches Matot Braine. (Crédit : ND)

En matière d’action sur la réduction des émissions carbone, Châlons Agglo associée à la Ville de Châlons, Saint-Martin-sur-le-pré et Fagnières vient de franchir un nouveau cap. En effet, au mois de juin dernier, la collectivité a annoncé le lancement d’un projet de territoire « innovant, connecté et durable ». Sa spécificité est de porter aussi bien sur la performance énergétique de l’éclairage public que sur celle des bâtiments exploités par Châlons Agglo – essentiellement les écoles et les piscines – bâtiments particulièrement énergivores. Il s’agit également de développer « un hyperviseur », regroupant toutes les données liées aux infrastructures. « Ce projet répond à la stratégie zéro carbone que nous souhaitons porter », indique Jérôme Mât, vice-président de Châlons Agglo en charge du développement économique.

Un budget total de 35,5M€

« Ce que l’on nomme « Connecte Châlons », projet de ville intelligente et connectée, est le plus gros budget d’investissement de la collectivité. Il a pour objectif de faire évoluer la qualité du service public tout en effectuant des économies d’énergie, en travaillant sur les infrastructures », poursuit-il. 35,5 millions d’euros viseront ainsi à rénover et moderniser toutes les infrastructures existantes tout en mettant en place des outils numériques de simplification de gestion. C’est à un groupement porté par Bouygues Énergies & services qui est mandataire, associé à Axinum (leader français dans les solutions de sécurité) et onepoint (expert de transformation numérique des territoires) que la mise en œuvre en a été confiée. Bouygues, qui était sur les rangs pour répondre à l’appel d’offres aux côtés de « quatre gros majors » spécialisés dans l’aménagement, n’en est pas à son coup d’essai puisque l’entreprise accompagne déjà la ville de Dijon sur un projet quasi similaire.

« C’est un projet à l’image de ces deux collectivités mais il est tout de même différent car il est constitué de quatre clients distincts avec des engagements de performance. Le côté particulier, c’est que l’on a la partie infrastructure à l’extérieur mais aussi le bâtiment, ce qui est une première », indique Sabine Lunel-Suzanne, Directrice Projets & Transformation chez Bouygues. « C’est un contrat où l’on co-construit avec le client et à la fin, dans 12 ans, ils seront propriétaires des systèmes que l’on aura développé pour eux. » Une période qui peut paraître longue, mais nécessaire au regard de tout le travail à mener.

« La mise en place des outils numériques pour la gestion durable de l’espace public est un système où l’on amène de l’innovation, des idées et du numérique avec une partie Hypervision, c’est-à-dire la centralisation des outils de supervision d’infrastructure, d’applications et de référentiels », précise quant à lui Philippe Raimond, Directeur général adjoint aménagement, environnement et services techniques à la Ville de Châlons. « Les agents sur le terrain plus la signalisation des événements permet ensuite de changer nos organisations en interne. Cela permet d’être donneur d’ordre sur tous les métiers concernés, que cela soit l’éclairage public, la signalisation, le bâtimentaire, le cadre de vie, demain l’eau ou les déchets. »

Réduction de l’empreinte carbone et services aux usagers

La ligne directrice, depuis la mise en place du projet « a toujours été de réduire notre empreinte carbone », insiste Émilie Mothé, adjointe à la Modernisation administrative, Smart City, Voirie, Stationnement à la Ville de Châlons. « C’est certes un changement de technologie mais également une autre façon de travailler, avec plus de transversalité. » Contrainte toutefois par les composantes du marché et le périmètre du contrat. Concernant toutes les données récupérées, elles sont bien sûr soumises à la RGPD. « Toutes ces données sont récupérées pour la collectivité et sont protégées par la RGPD », précise Yann Deslandes, Directeur Régional Hauts de France / Champagne-Ardenne Infrastructures extérieures chez Bouygues Énergies & Services.

« Tous les capteurs que l’on pose récoltent de la donnée et, au quotidien, vont améliorer les services. Cette mutualisation de ressources aurait été compliquée à déployer pour une seule collectivité. » Pour Châlons, l’investissement est d’une vingtaine de millions d’euros.

« C’est un investissement que l’on aurait de toutes façons, fait sur ces 12 ans, avec l’entretien, la maintenance, le renouvellement », note Émilie Mothé. « Là, on va investir massivement 17 millions d’euros sur quatre ans, pour générer rapidement des économies importantes, et la logique de ce marché est que les économies d’énergie réalisées servent à payer des innovations, comme une application citoyenne. » Sur la facilité de gestion, l’élue prend en exemple celui, très parlant, de l’éclairage public. « Quand le coût de l’énergie a augmenté en 2022, nous avions décidé d’éteindre les lampadaires pour faire des économies. Il a fallu ainsi intervenir sur toutes les armoires électriques pour changer les horloges, un travail laborieux, qui nous a pris deux ou trois mois. Et au mois de juillet, se déclenchent les émeutes urbaines, nous avons dû rallumer certains quartiers pour des questions de sécurité. Nouvelle intervention. Aujourd’hui, avec le projet Connecte Châlons, tout sera pilotable depuis l’hyperviseur. Une amélioration de gestion très importante et une capacité à s’adapter selon les évènements. »

Ainsi, 7 290 points lumineux seront rénovés en 100% LED dont 2 170 seront pilotés à distance. 510 détecteurs de présence seront aussi installés pour compléter le dispositif. Le contrat prévoit un engagement de réduction d’énergie de 79% en moyenne sur l’éclairage public pour les quatre collectivités. « C’est un critère de performance et un engagement de la part de Bouygues Énergies & services. Si elle n’arrive pas à atteindre ce taux au bout des 12 ans, l’entreprise devra payer à la collectivité la différence. En revanche, si elle dépasse ses objectifs, on se partage la différence », annonce Philippe Raimond. « Sur les bâtiments, c’est un autre engagement, de 33% sur la consommation énergétique des bâtiments publics qui est dans le contrat », précise Sabine Lunel-Suzanne. « Il y a donc une partie audit très importante. » En amont, l’étude et le montage du dossier ont d’ailleurs été longs, puisque cela a duré deux ans et mobilisé 120 personnes dans tous les corps de métiers de Bouygues, en raison de la complexité de la commande.

Développé pendant 12 ans et des formations

Aussi, les choix faits par les collectivités et Bouygues se doivent d’être sur le long terme, étant donné que « à l’issue du contrat nous récupérons l’hyperviseur, il faut que nous ayons aussi la capacité de le co-construire et de le développer », signale le DGA aménagement, environnement et services techniques à la Ville de Châlons. C’est pourquoi, l’opérateur s’engage aussi sur toute la partie formation des agents. « Il y aura des formations et des montées en compétences, notamment pour la maintenance des capteurs. Si une nouvelle technologie apparait, le groupement d’entreprises doit prendre en compte cette nouvelle technologie, la proposer dans le cadre du marché et former à son utilisation. Nous co-construisons leur outil de demain », précise Yann Deslandes.