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« On bouge pour gagner plus, mais on reste pour les conditions de travail »

Emploi. En 2023, le volume d’embauche de cadres était à son paroxysme avec 14 120 cadres recrutés dans la région Grand Est par les entreprises, soit une progression de 8% par rapport à 2022. Une progression appelée à baisser pour 2024 tout en gardant une tendance à la hausse, de 1% cependant.

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Photo de Bruno Lestingi
« En 2024, les recrutements se stabilisent à haut niveau, en dépit du contexte incertain liés aux aléas économiques et géopolitiques », révèle Bruno Lestingi. (Crédit : ND)

« 2023 a été plutôt dynamique, malgré un fléchissement en fin d’année », débute Bruno Lestingi, Consultant Relations Entreprises à l’Apec, pour dresser un panorama de l’emploi cadre en 2023 en Grand Est. Entre 2022 et 2023, le volume de recrutement des cadres a progressé de 8% (contre 7% au niveau national) avec 14 120 cadres recrutés, « un chiffre historique » (330 000 au national). En effet, si l’on prend les chiffres depuis 2016, ils n’étaient que 8 810 à l’époque, 12 310 en 2019 avant la crise Covid, 9 660 l’année d’après et depuis, les recrutements n’ont cessé de croître.

Et si la crise en Ukraine a généré quelques doutes, la dynamique était là. « La transition numérique, la digitalisation, le besoin des entreprises en IA ont fait qu’elles ont continué d’investir, aussi bien dans la transformation de leurs outils que dans les recrutements de cadres pour accompagner tous ces changements. »

Ce sera encore le cas en 2024, selon les prévisions de l’Apec, mais cette progression ne serait que d’1% au niveau régional (contre 2% au niveau national), avec un atterrissage à 14 230 cadres cette année. « L’explication réside dans la physionomie des secteurs de l’emploi dans la région. Au niveau national, les secteurs qui recrutent le plus concernent les services à forte valeur ajoutée (informatique, télécom, R&D, ingénierie, banque, assurance), soit environ 30% de la répartition des cadres dans le Grand Est (vs 46% en France). Or la région est constituée en grande partie d’un fort tissu industriel (25% contre 16% au niveau national). » Un peu plus d’1 recrutement sur 2 est attendu dans le secteur des services et 5 embauches sur 10 sont prévues dans les TPE-PME du Grand Est.

9% des entreprises envisagent d’augmenter leur effectif

Le marché des cadres reste donc très porteur au niveau national même si le volume diminue. « Dans le Grand Est, les recrutements nets, c’est-à-dire les recrutements auxquels on ajoute toutes les promotions moins tous les départs s’élèvent, en 2023, à 3 130 personnes », précise Bruno Lestingi. Selon le panel interrogé (soit 741 établissements privés de la région), 9% des entreprises envisagent d’augmenter leur effectif cadre en 2024. « C’est plutôt dans les PME que cela va bouger et dans le secteur de l’informatique qui est le premier à recruter (22% des embauches en 2023). » Dans le Grand Est, puisque les statistiques sont désormais régionales, c’est sans surprise l’Alsace qui concentre la moitié des recrutements prévus (51%) quand la Champagne-Ardenne représente 17% de la part des futurs recrutements (2 380).

Les difficultés de recrutements restent néanmoins élevées. « Dans ce contexte, nous sommes en première ligne pour faciliter une mise en relation plus efficace entre les candidats et candidates et les entreprises. » Les cadres eux-mêmes anticipent la transformation des métiers et s’orientent vers des reconversions en prenant en compte les politiques RSE des entreprises, « 41% des cadres hésiteraient à rejoindre une société qui n’a pas de politique RSE », souligne Bruno Lestingi. Et si la première des préoccupations des cadres est le niveau de rémunération, la deuxième est la qualité de vie et l’environnement au travail. « On bouge pour gagner plus mais on reste pour les conditions de travail. »