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Le Reims Volley 51 construit son avenir

Sport. En 16 ans, le Reims Volley 51 (ex Reims Métropole Volley) a effectué un joli parcours jusqu’à la Ligue B masculine. Pour se maintenir à ce niveau, le club a notamment besoin d’étoffer sa structure administrative et d’attirer le public.

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Photo de Rodolphe Adam
Pour Rodolphe Adam, président du Reims Volley 51, « il faut arrêter de vivre uniquement à travers le prisme des subventions ». (Crédit : JR)

En 2007, le volley-ball rémois volleyait au plus bas niveau de la compétition. Une bonne raison à cela : le Reims Métropole Volley, ou RMV, issu de la fusion du Reims Olympique Club et de Reims Volley-Ball, repartait de zéro. 16 ans après, il a gravi tous les échelons (ou presque) pour devenir un club professionnel et évoluer en Ligue B masculine.

Accessoirement, le club a changé de nom l’an dernier, à l’heure de la montée en Ligue B, devenant le Reims Volley 51 (ou RV 51), sans qu’il y ait toutefois de lien entre les deux événements. Mais, comme l’explique Rodolphe Adam, le président : « Le RMV faisait référence à la métropole, qui n’existe plus en tant que telle ; c’était l’occasion de donner au club une représentativité à l’égard des deux collectivités territoriales qui le soutiennent largement, la Ville et le Département ; l’occasion aussi d’imaginer un logo plus clair, une vraie ‘‘marque’’ ». Dont acte. Et retour en 2007 où tout était à construire.

Un spectacle à vendre

Rodolphe Adam, qui préside donc le club depuis cette époque, en connaît le cheminement par cœur. « Reims à l’avantage d’être une ville étudiante, ce qui constitue un vivier de pratiquants potentiels pour un club sportif. Les filles sont rapidement montées en N3, bientôt suivies par les garçons, en N3 puis N2. » Mais, à défaut de subventions substantielles, l’heure est encore au système D.

« N’ayant que peu de moyens financiers, nous nous sommes débrouillés avec nos modestes ressources, en faisant toujours des budgets équilibrés, et sans déficit au terme des exercices successifs. Ce fut un excellent apprentissage ! » Arnaud Robinet, député pas encore maire, soutient cependant le club dès sa création. Quelque temps après, Jean-Paul Pageau apposera la marque Leclerc sur les maillots et s’engagera financièrement sur 3 ans. Le club est lancé ! Arnaud Robinet devenu maire et le RMV monté en N2, le club obtient une subvention de 30 000 €, peut engager un encadrant (emploi aidé) et développer l’une des raisons d’être d’un club : les sections « jeunes » et « loisir ».

L’arrivée de l’entraîneur Gilles Auzou va ensuite transformer une équipe d’amateurs en futurs pros. Billel Soualem, international algérien, rejoint le club en 2019. En 2020-2021, c’est la montée en Elite (échelon juste avant la Pro B). Rodolphe Adam : « Nous jouons alors à René Tys, nous attirons de nouveaux partenaires, nous changeons de dimension. » Mais d’un budget de 80 000 € en N2, il faut passer à 350 000 € en Elite.

Rodolphe Adam fait un peu de benchmark et regarde ce qu’il se passe dans les autres clubs. Il n’entend pas brûler les étapes. Il obtient une subvention de 45 000 € de la Ville, et à peu près la même chose du Département et de la Région. Billel Soualem fait venir l’un de ses partenaires de l’équipe algérienne, Boudjemaa Ikken, qui va apporter une nouvelle dimension sportive. « En jouant le haut du tableau Elite, nous avons gagné du temps et attiré du public payant. C’est le nerf de la guerre. On fait un sport de haut niveau qui est un spectacle. À nous de le vendre ! ».

Des structures administratives à étoffer

Le club devient champion de France Elite au terme de la saison 2022-2023, « sans être prêt pour la montée en Pro B qui n’était pas prévue tout de suite », note Rodolphe Adam. Sauf qu’en Pro B, Avignon et Lyon jettent l’éponge, et la Ligue Nationale de Volley invite Reims à postuler. Un dossier est constitué en urgence. Les structures du club sont solides, la salle (René Tys) est belle, les fonds propres importants. Tout pour plaire à la DNACG, le gendarme financier de la Ligue. Reste à trouver le budget : 620 000 €.

Sans tomber dans les comptes d’apothicaires, ce budget sera bouclé pour la saison 2023-2024, avec une participation de la Ville qui devrait passer (car les discussions pour en finaliser le montant sont encore en cours) à 260 000 €, 95 000 € de la Région et 60 000 € du Département - il y a aussi les partenariats privés avec un objectif de 100 000 € cette saison, le public payant (700 à 800 spectateurs par match la saison dernière), des actions ponctuelles, les cotisations des membres, etc…

Mais Rodolphe Adam est parfaitement lucide. « Si nous avons su nous structurer au fil du temps, jusqu’en Elite, nous avons grandi trop vite, d’un seul coup, en passant en Pro B. Nous avons aujourd’hui un déficit administratif. Si la DNACG valide notre situation financière, elle attire notre attention sur nos structures. » Le maintien à ce niveau passe donc en partie par des recrutements de joueurs, et surtout par un « staff » digne de la Pro B.

Public, entreprises et centre de formation

Pour rester dans la course, l’objectif budgétaire de la saison 2024-2025 doit se rapprocher des 800 000 €. Rodolphe Adam : « En Pro B, la moyenne des subventions - toutes confondues - s’élève à 450 000 €. Nous devons être dans cette moyenne pour jouer à ce niveau. Si nous n’avions pas eu les collectivités pour nous soutenir et accéder à la Pro B, nous n’y serions pas allés. Pour autant, il faut arrêter de vivre uniquement à travers le prisme des subventions. L’avenir passe par le développement du public payant, qui attire avec lui les entreprises. Avec la salle René Tys, nous disposons d’une belle infrastructure pour nous permettre d’amener de ‘‘l’extra sportif’’, de ‘‘l’hospitality’’. Dans cette optique, nous devons tripler notre partenariat privé. Nous devons aussi ‘‘fabriquer notre produit’’, détecter et former des joueurs plutôt que d’en acheter. La mise en place d’un centre de formation est la clé du voûte du système. »

Reste qu’il faut aussi prendre en compte les impondérables de la compétition, comme cet aléa sportif dont a été victime Boudjemaa Ikken en se fracturant la cheville début janvier. La perte de son leader offensif met le RV 51 en difficulté pour le reste de la saison. Désormais, pour poursuivre l’aventure, c’est tout un club qui doit… faire bloc.

Raphaël Blanchard : « Construire ensemble l’avenir »

Pour Raphaël Blanchard, adjoint au maire de Reims, en charge des sports, « la ville de Reims accompagne et soutient un tissu sportif associatif dense. En ce qui concerne le RV 51, et après les étapes déjà franchies dans son évolution, nous devons construire ensemble l’avenir, tant sur l’aspect budgétaire qu’en ce qui concerne la structuration sportive et administrative du club. Dans cet objectif, il est important que le RV 51 se dote d’un centre de formation, ce qui lui permettra notamment d’obtenir des subventions supplémentaires de la part de la Région et de l’Etat. » L’adjoint aux sports (également vice-président de l’Association nationale des élus en charge du sport) rappelle par ailleurs qu’en France, les budgets des clubs sportifs professionnels - hors football - sont alimentés en moyenne par 56 % de financements publics.