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La maroquinerie artisanale Camille Fournet s’agrandit à Tergnier

Savoir-faire. À Tergnier, la fabrication atteint les 500 000 pièces à l’année et mobilise environ 300 employés.

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Photo d'un atelier de maroquinerie
Dès la mise en service des nouveaux ateliers, prévue d’ici la fin de l’année, une centaine d’embauches viendra renforcer les équipes. (Crédit : FL)

Un troisième bâtiment va sortir de terre cette année rue Hoche à Tergnier. Il offrira près de 2 400m² supplémentaires à l’entreprise Camille Fournet, une maroquinerie spécialisée dans les articles de luxe, qui porte toujours le nom de son créateur. Fondée au lendemain de la guerre, il y a plus de 75 ans, elle était venue s’établir à Tergnier dans les années 70. En 2019, elle avait inauguré un second bâtiment, afin de diversifier sa production. Le temps de digérer l’épisode, un peu dur à avaler, du covid, et la voilà qui repart de l’avant, avec le soutien de la Communauté d’agglomération Chauny-Tergnier-La Fère.

Camille Fournet s’est taillé une belle réputation dans la fabrication de bracelets de montre en cuir exotique. L’entreprise a fourni de grandes marques horlogères, suisses notamment. Elle est reprise en 1994 par Jean-Luc Déchery, qui fut dans une autre vie camarade de promotion de François Hollande à l’ENA puis conseiller technique d’Edouard Balladur à Bercy. Il va diversifier la production. L’entreprise se lance dans la petite maroquinerie, sacs, ceintures, pochettes et portefeuilles. En 2006, elle crée sa propre marque, avec pour vitrine une élégante boutique rue Cambon, près de la rue Royale, un quartier stratégique pour le luxe, à Paris.

Une ambition assumée

En 2021, sa propre griffe représente déjà 30 % des ventes de Camille Fournet. A Tergnier, la fabrication atteint les 500 000 pièces à l’année et mobilise environ 300 employés. En 2023, le chiffre d’affaires a atteint les 40 millions d’euros. Le dernier Ayant réussi à effacer le ralentissement provoqué par le covid, l’entreprise a vite renoué avec l’ambition de conquérir de nouveaux marchés.

C’est passé par un changement au niveau du capital. Un groupe d’actionnaires minoritaires est parti, il a été remplacé par les fonds d’investissement Crédit Mutuel Equity et Turenne Groupe. Camille Fournet a ainsi trouvé les moyens d’agrandir « la manufacture » et d’accroître sa production au prix d’un investissement de 7 millions d’euros. Dès la mise en service des nouveaux ateliers, prévue d’ici la fin de l’année, une centaine d’embauches viendra renforcer les équipes. Et d’ici un an, il devrait y en avoir une cinquantaine de plus.

Camille Fournet cherche en même temps à se développer sur les marchés plus lointains. Elle va booster son implantation à Hong-Kong, Shangaï, Pékin, Tokyo ou New-York, où elle dispose déjà de filiales. Elle va y soigner sa visibilité. Au Japon, le nombre de ses boutiques devrait passer de cinq à une petite dizaine et elle compte aussi s’établir à New-York (Etats-Unis).

L’alliance de la qualité et de la créativité

La grande force de Camille Fournet est d’avoir mis l’accent, dès l’origine et encore aujourd’hui, sur le savoir-faire et le talent de ses collaborateurs. Ses produits ne sortent pas d’une usine, mais bien d’une manufacture. La formation et le bien-être sont des ingrédients essentiels de son développement. à l’étage du nouveau bâtiment, va s’installer l’école Camille Fournet qui formera des apprentis maroquiniers. L’osmose se prolonge aussi envers la création, en lien avec des designers et des artistes. C’est dans le même esprit que Camille Fournet avait repris, voilà dix ans, la ganterie Lavabre-Cadet à Milla. Celle-ci a pu pérenniser, transmettre sa maîtrise du métier, développer et diffuser ses modèles au sein de l’entreprise, tout en restant elle-même.