Entreprises

L’Apec ouvre ses portes dans un contexte de fléchissement des embauches

Emploi. Au cours de l’année 2023, la dynamique de recrutement des cadres a progressivement ralenti (10 % au 4ᵉ trimestre 2023 contre 14 % au 1er trimestre 2023). Pour le 1er trimestre 2024, le fléchissement des intentions d’embauche se confirme. Dans ce contexte, l’APEC a pour la première fois fait une opération « Portes ouvertes » pour présenter ses nombreux services et aller au-devant des cadres en recherche d’emploi.

Lecture 8 min
Photo des locaux de l'Apec
L’Apec a ouvert ses portes courant février afin d’aller au-devant des cadres. (Crédit : ND)

Dans un contexte économique marqué par une croissance au ralenti (+0,9% en 2023 après +2,5% en 2022) avec une tension toujours existante sur les prix et l’approvisionnement en énergie plus une forte remontée des taux d’intérêt, les entreprises marquent le pas avec non seulement moins de recrutements mais également moins de perspectives d’embauches.

Ainsi, la part des entreprises ayant recruté des cadres en 2023 a connu un fléchissement en fin d’année (10 % au 4ᵉ trimestre contre 14 % au 1er trimestre 2023). En 2023, « 549 000 offres d’emploi cadre ont été publiées sur le site apec.fr, soit 12 % de moins qu’en 2022. Le ralentissement des publications d’offres s’est accentué tout au long de l’année. Au 4ᵉ trimestre 2023, le volume d’offres est en net recul par rapport au 4ᵉ trimestre 2022 (-19 %) », précise Bruno Lestingi, Consultant en relations des entreprises à l’Apec Grand Est. Mi-février, le site de l’Apec de Reims a donc ouvert ses portes aux cadres en recherche d’emploi afin de leur présenter la multiplicité des offres proposées : outils et services digitaux, communauté, conseils personnalisés, etc.

« Vendre ses compétences n’est jamais chose aisée. Pourtant, en entretien d’embauche et devant un recruteur, il est nécessaire de savoir mettre en avant ses savoir-faire. Et pour cela, il faut aussi avoir une vision globale du marché de l’emploi du secteur pour lequel on postule », souligne Bruno Lestingi. À cet effet, le site internet de l’Apec dispose d’une page sur le « décryptage des tendances du marché de l’emploi » (www.apec.fr/tendances-emploi-cadre).

Indiquer le salaire sur les offres

De manière globale, on y apprend que dans le Grand Est, 249 900 cadres sont en emploi soit 5% de la proportion hexagonale (ils sont 45% en Ile-de-France) et qu’ils sont 13% à travailler dans le secteur privé. 30% occupent une fonction dans des services à forte valeur ajoutée, 26% dans l’industrie ; 20% dans les services divers (transports logistique, santé, formation, hôtellerie/restauration) ; 17% dans le commerce et 7% dans la construction.

« Dans les services à forte valeur ajoutée, les cadres sont plus représentés parmi les salariés que dans les autres secteurs. » En 2023, les difficultés de recrutement ont d’ailleurs diminué, même si elles sont restées prégnantes. Elles ont conduit les entreprises à assouplir leurs critères. « Il est important de savoir se situer sur le marché, comme négocier son salaire. Je plaide d’ailleurs pour que les entreprises affichent le salaire sur les offres d’emploi. Cela progresse, elles sont 53% à le faire aujourd’hui », indique le Consultant en relations des entreprises, précisant que sur le site de l’Apec, il est possible de sélectionner uniquement les annonces qui affichent le salaire. « Nous incitons les entreprises à être le plus transparentes possible. » Comme la mise en avant de « l’expérience collaborateur ». « Une entreprise doit investir du temps sur l’analyse des besoins en restant vigilante à ne pas construire un stéréotype d’offres. »

Cibler en amont les besoins permet aussi de raccourcir la durée du processus de recrutement qui s’établit aujourd’hui à 12 semaines contre 9 auparavant tout comme fidéliser rapidement le collaborateur. « 7 entreprises sur 10 ne font rien pour l’intégration d’un nouvel arrivant. Alors que c’est primordial. 33% des CDI sont alors rompus chaque année. Là-encore, c’est souvent la définition du besoin et des compétences recherchées qui a été mal appréhendée en amont », souligne Bruno Lestingi.

Préparer les échanges avec les recruteurs, tel est le but de la création du groupe de co-searching mis en place à Reims. « Grâce à ce groupe, nous gardons une activité en étant notre propre chef de projet. Nous partageons nos avancées et nous nous enrichissons des méthodes des uns et des autres en confrontant nos recherches », confie Gilles Boutinaut, cadre bénévole, animateur au sein du groupe et en recherche d’un poste de Chargé de Relations Publiques et de développement économique pour les entreprises.

« Nous nous réunissons tous les jeudis matins et accueillons régulièrement de nouveaux cadres en recherche d’emploi. » L’écosystème de l’Apec propose également d’intégrer un réseau social dédié, avec des échanges ciblés sur les offres et événements. « Reims community existe depuis quatre ans, c’est une communauté de pairs qui est fermée et où l’on n’entre que sur invitation d’un conseiller de l’Apec », détaille Mélisande Sirot, consultante en développement professionnel.

« Nous y partageons une dizaine d’événements par mois, en présentiel et distanciel, avec des thématiques qui changent régulièrement. On peut par exemple avoir un atelier sur la rédaction de lettre de motivation et sur savoir pitcher devant des recruteurs. » En effet, si la lettre de motivation apparait de plus en plus désuète, pourtant, « elle dit beaucoup de la personne », estime Bruno Lestingi. « La lettre de motivation, écrite à la main, permet de se démarquer, notamment dans sa qualité orthographique et d’expression. Elle doit être différente du CV. » Des ateliers d’image de soi sont aussi organisés par la structure. Un atelier de photo pour le CV était d’ailleurs proposé lors de la journée portes-ouvertes.

« Cela peut sembler logique, mais beaucoup mettent encore sur le CV des photos de piètre qualité, décontractées, en vacances et donc peu professionnelles », fait savoir Marvyn Demontis, chargé de communication. Une nécessité de mettre toutes les chances de son côté, d’autant que la baisse des offres d’emploi intervient après une année 2022 qui a été celle de tous les records, avec des niveaux inédits d’offres et de recrutements de cadres.

Or, au cours de l’année 2023, les entreprises ont progressivement perdu en confiance, de sorte qu’elles abordent 2024 moins sereinement que l’année précédente. « En décembre 2023, le niveau d’optimisme sur le carnet de commandes (70%) a perdu 3 points par rapport à son niveau de fin 2022 », indique le dernier baromètre de l’Apec. Et aujourd’hui, les perspectives d’embauche de cadres sont inférieures à leur niveau d’il y a un an pour les TPE (5 % ; -2 pts), pour les PME (18 % ; -4 pts) et surtout pour les grandes structures (54 % -10 pts). Les tensions de recrutement ont, en revanche, diminué (-11 pts par rapport à 2022).