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Plus de 200 000 projets de recrutement dans les entreprises du Grand Est

Emploi. Les entrepreneurs régionaux sondés par Pôle Emploi sont un peu moins nombreux à vouloir embaucher qu’en 2022, mais beaucoup plus que cinq ans auparavant. Pour autant, ces résultats sont en deçà de ceux du niveau national. Les recrutements les plus difficiles concernent le bâtiment et les travaux publics.

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Photo d'un bâtiment du Pôle Emploi
29% des entreprises marnaises (33 769 projets dont 45% dans la bassin de Reims) disent vouloir recruter. (Crédit : DR)

L’enquête de Pôle Emploi sur les besoins en main-d’œuvre dans le Grand Est en 2023 recense 203 244 projets émanant de près de 28% des entreprises régionales. Ce chiffrage est inférieur de 6% par rapport à 2022, mais supérieur de 18% à celui de 2018.

71% de ces intentions (144 000 embauches) sont non saisonnières et 58% sont jugées difficiles (117 700 projets), soit un pourcentage comparable à celui de 2022. À l’échelon national les projets de recrutement sont quasi comparables à ceux de 2022, mais supérieurs de près de 30% à ceux de 2018.

Parmi les métiers présentant les plus forts taux de difficulté de recrutement, on trouve ceux du bâtiment, des services à la personne, de la maintenance (mécaniciens et électroniciens de véhicules), de la santé (infirmiers et puéricultrices) et des transports (conducteurs de véhicules légers, ambulances, taxis, routiers, transports en commun sur route).

Les profils non saisonniers les plus recherchés par les employeurs de la région concernent les aides à domicile et aides ménagères, les agents d’entretien de locaux, les aides-soignants, les apprentis et employés polyvalents de cuisine, les infirmiers et les puéricultrices.

Plus de 54% des projets dans le Bas-Rhin, la Marne et la Moselle

29% des entreprises marnaises (33 769 projets dont 45% dans la bassin de Reims) disent vouloir recruter, un score strictement comparable à celui du Bas-Rhin (46 950 projets dont 59% dans le bassin de Strasbourg) et d’un point supérieur à la moyenne régionale. Les projets non saisonniers sont proportionnellement plus importants en Moselle (81%), dans le Bas-Rhin (79%) et en Meurthe-et-Moselle (78%).

À l’inverse, la Marne (48%) et l’Aube (53%) enregistrent les proportions de projets non saisonniers les plus basses, notamment en raison de l’importance de la viticulture dans ces deux départements.

Cinq bassins d’emploi, Strasbourg, Reims, Metz, Nancy et Troyes concentrent 41% des intentions d’embauche, lesquelles sont en forte hausse dans les bassins de Haguenau, Colmar, Epinal, Saint-Louis et Thann-Cernay et en baisse dans les bassins de Sélestat, Nancy, Mulhouse et Strasbourg.

Les services concentrent plus de la moitié des projets

Près d’un projet sur deux émane d’établissement de moins de dix salariés et 23% d’établissement entre 10 et 49 salariés, ceux au-delà de 200 salariés ne représente que 12% des projets d’embauche. Les services comptent près de 54% des 203 244 projets : 34% dans les services aux particuliers, 20% dans ceux aux entreprises, 14% dans l’agriculture, 11% dans le commerce et 9% dans la construction.

S’ils sont quasiment toujours aussi nombreux, les projets non saisonniers sont en diminution en 2023 dans tous les grands secteurs d’activité. C’est notamment le cas dans la santé humaine et l’action sociale (23 000 projets), les services scientifiques, techniques et administratifs (19 500), la construction (17 500), le commerce de détail (10 300) ou encore l’administration publique et l’enseignement (7 000).

À l’inverse, ils augmentent dans l’hébergement et la restauration (13 500), le transport et la logistique (8 100), l’agriculture (4 400), le commerce et la réparation automobile (3 200).

Un niveau de tension stabilisé à 58%

Jusqu’en 2018, la proportion de projets jugés difficiles ne dépassait pas les 50%. Elle atteint 54% en 2019, 58,3% en 2022 et 57,9% en 2023, un niveau élevé au regard de la situation prévalant antérieurement à la crise sanitaire. Le nombre de projets dans les métiers en tension est de 117 700 en 2023 dont 75% à caractère non saisonnier.

Le secteur de la construction porte les plus grosses difficultés d’embauche (78%) devant le secteur des services aux particuliers (60%) et aux entreprises (59%). Si quasiment pour l’ensemble de l’économie régionale, les taux de tension sont plutôt stables, entre 2022 et 2023, celui de l’agriculture, le plus faible, est passé de 35 à 46%.

Pour les employeurs, les deux secteurs du bâtiment et des travaux publics disposent de la part la plus élevée des projets de recrutement les plus difficiles : 92% pour les couvreurs et couvreurs zingueurs qualifiés, 86% pour les plombiers et chauffagistes, 80% pour les électriciens du bâtiment et 81% pour les ouvriers qualifiés des travaux publics, du béton et de l’extraction.

Sur le territoire de la Champagne-Ardenne, les bassins d’emploi de Revin, Charleville-Mézières, Sedan, Romilly-sur-Seine, Langres et Chaumont sont au nombre des 23 bassins au-dessus de la moyenne des projets difficiles (+ de 57,8%), le bassin de Langres possédant la plus forte difficulté du Grand Est (68,4% des projets jugés en tension).

La pénurie de candidats premier motif de tension

Les employeurs estiment que la pénurie de candidats, citée par 85% d’entre eux, et l’inadéquation des profils (diplôme, motivation ou compétences), cités par 79%, sont les principaux facteurs de tension sur le recrutement. Les autres facteurs évoqués sont les conditions de travail (37%), le manque de moyens financiers pour embaucher (23%), le déficit d’image (23%), l’organisation du recrutement (16%), l’accès au lieu de travail et la mobilité (16%).

L’enquête de 2023 révèle les solutions envisagées par les employeurs pour réduire les tensions à l’embauche : faire appel à Pôle Emploi (86%), former des candidats venant de l’extérieur (78%), faire appel à d’autres intermédiaires (68%), rendre l’offre plus attractive (65%), faire appel à des profils différents de candidats (60%), former des salariés déjà présents dans l’entreprise (54%), recourir à l’intérim ou à d’autres types de contrats (52%) et enfin proposer aux salariés déjà présents dans l’entreprise de travailler plus (44%).