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Colin Milas reprend FECR-Usine du Paquis et préserve 37 emplois

Reprise. Le Tribunal de commerce de Sedan a donné son feu vert au plan de reprise de l’entreprise de Nouzonville (Ardennes) par la société ardennaise Colin Milas. Ce qui permet de sauver 37 des 39 emplois actuels et d’assurer la pérennité de la PME.

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Photo d'une usine d'appareils de levage
Image d’illustration (Crédit : Shutterstock)

Mise en redressement judiciaire, l’entreprise FECR (Forges Estampage de Château-Regnault) Usines du Paquis va être reprise par la société ardennaise Colin Milas (Hautes-Rivières) et poursuivre son activité. Dirigée par Jean-Luc Pigeot depuis 2013, Colin Milas est une entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication de pièces mécano-soudées et forgées de haute technicité pour divers secteurs industriels (ferroviaire, automobile, énergie, logistique, machinisme agricole, BTP, nucléaire et levage).

Photo de Jean-Luc Pigeot
Dirigées par Jean-Luc Pigeot, Colin Milas et sa filiale emploient 40 personnes et enregistrent 10 M€ de chiffre d’affaires. (Crédit : PR)

En reprenant FECR-Usine du Paquis, elle élargit son activité en travaillant des pièces de plus grande taille et acquiert également un réel savoir-faire ainsi que des produits de haute qualité dans le ferroviaire et le militaire. « C’est d’ailleurs pourquoi certains de leurs clients nous ont poussé à reprendre. Mais je ne vous cache pas que l’enjeu est énorme et extrêmement difficile car ce dossier est rendu très délicat par la vétusté de l’outil de travail et de son parc machines, dégradés par une absence d’investissements depuis 20 ans », souligne Jean-Luc Pigeot.

Le repreneur qui avait dirigé la forge Pommier à Neufmanil n’en est pas à son coup d’essai en matière de reprise d’entreprise. Il avait déjà racheté la société Brouet Badré et Fils (désormais baptisée TEC FORGE), et s’est doté de nouveaux locaux en 2020 afin d’en faire « la vitrine de l’entreprise ». Colin Milas est, aujourd’hui, une entreprise de référence dans la métallurgie.

Cette vieille dame de 118 ans, implantée dans un haut lieu industriel des Ardennes, s’est bonifiée au fil des années en investissant notamment dans une ligne de forge robotisée de 3 200 tonnes et une presse dernière génération adossée à trois robots Kuka dotés d’une vision 3D lui permettant d’assurer des prestations sur-mesure et de réaliser des pièces de haute technicité.

Multi-expertise

On est loin de l’image poussiéreuse du forgeron d’antan. « Aujourd’hui, grâce à notre process 100% numérique, nous proposons une alliance parfaite entre la matière grise et l’expertise de la fabrication. Nous sommes entièrement autonomes et fabriquons tous types de pièces en aluminium, inox et aciers à base carbone. De la pièce la plus simple à la plus complexe et ce, jusqu’à 15 kg. Nos ingénieurs, travaillent en co-conception avec nos clients et en totale adéquation avec leurs exigences et la réglementation, en leur offrant ainsi une prestation complète », résume Jean-Luc Pigeot.

Un dirigeant fier aussi de posséder dans son panel de nombreux produits brevetés et certifiés. Comme celui pour un anneau de levage rotatif appelé anneau à verrouillage tangentiel, présentant l’avantage d’être vissé avec une seule main. Dans son atelier de forge de 3 000 m² et dans les locaux de TEC FORGE, Colin Milas et sa filiale emploient 40 personnes, réalisent un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros et comptent 1 200 clients en Europe.

La pépite ardennaise sous-traite pour des constructeurs comme Alstom et Bombardier ou des donneurs d’ordre tels que Manitou et Haulotte. Elle est aussi fournisseur de premier rang du spécialiste de véhicules militaires Nexter, en ayant été retenu en première monte pour équiper les anneaux de véhicule tout terrain du constructeur de blindés français. Car outre ses activités de base, Colin Milas s’est diversifié en étant vite reconnu comme un spécialiste en accessoires de sécurité innovants et à haute valeur ajoutée pour le levage, la manutention (émerillons, ancrage, pitons…), l’arrimage et l’hélitreuillage. Ce qui lui a permis de s’implanter sur des marchés de niche très techniques comme le sport extrême, l’alpinisme, l’offshore, le transport maritime ou l’armement. « En dix ans, nous avons passé le chiffre d’affaires de 2 à 10 millions d’euros. Notre carnet de commandes est toujours très fourni », souligne Jean-Luc Pigeot.

« Il va falloir envisager le transfert de l’usine »

Le challenge de l’arrivée de FECR dans son giron est pourtant loin d’être évident pour le groupe ardennais. « Des plaintes émanant de voisins ont été déposées contre cette usine à cause des nuisances sonores, ce qui a amené la DREAL à demander sa mise en conformité », explique le dirigeant. « Il nous faut donc d’ores et déjà envisager un déménagement et le probable transfert de l’activité forge de Nouzonville dans la Vallée de la Semoy, peut-être sur la friche industrielle de Wiart à Hautes-Rivières. Nous sommes en pleine phase de réflexion et cela fera l’objet d’un débat avec le Conseil régional Grand Est car ce déplacement a un coût. »