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Une activité nucléaire qui participe au développement de l’économie régionale

Nucléaire. En puissance installée comme en production, les trois centrales régionales font du Grand Est la deuxième région électronucléaire française. La filière, au passage largement exportatrice, emploie plus de 3 000 salariés directs et plus de 4 000 salariés indirects.

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Photo de la centrale de Nogent-sur-Seine
La centrale de Nogent-sur-Seine génère près de 1 840 emplois dans l’Aube. (Crédit : LL)

Depuis 2020, date de la fermeture du site de Fessenheim (deux réacteurs de 900 MWe), le Grand Est compte trois sites de production d’électricité nucléaire : Cattenom (quatre réacteurs), en Moselle, Chooz (deux réacteurs), dans les Ardennes et Nogent-sur-Seine (deux réacteurs), dans l’Aube. Les huit réacteurs de cet ensemble représentent une puissance électrique totale de 10,7 gigawatts soit 18% du potentiel de production d’énergie électrique d’origine nucléaire en France.

La présence des centrales nucléaires a un effet significatif sur l’emploi des trois départements dans lesquels elles sont implantées. Ces trois établissements, propriétés d’EDF, génèrent 7 250 salariés directs et liés (3 080 emplois directs, plus de 4 000 indirects, 2 050 indirects fournisseurs et 2 120 emplois issus de la consommation des ménages).

Les salariés liés à la présence des trois sites nucléaires représentent, avec leur ménage, près de 20 000 personnes. L’emploi direct ou lié est fortement concentré autour des trois centrales. Directement, les emplois des trois sites nucléaires sont ainsi répartis : 1 460 à Cattenom, 810 à Chooz et 810 également à Nogent-sur-Marne.

Gardiennage, accueil, ménage, nettoyage industriel, la quasi-totalité de ces emplois indirects est localisée a proximité des sites de production d’électricité. Les trois-quarts des salariés d’EDF résident au sein du territoire d’inscription de la centrale qui les emploient, soit 90% des salariés pour Chooz et près de 70% pour Cattenom. Au-delà de ces zones de proximité, la consommation des travailleurs liés aux centrales profite aux pôles urbains voisins. C’est le cas, par exemple, pour la ville de Metz qui compte une centaine d’emplois liés à la centrale de Cattenom.

Les territoires d’inscription, ou zones influencées par l’activité des centrales, sont de tailles très différentes : 128 000 habitants pour Cattenom, 33 300 pour Chooz et 58 800 pour Nogent-sur-Seine. Même constat pour les parts de population liées aux trois sites : 3,4% pour Cattenom, 10,8% pour Chooz et 4,9% pour Nogent-sur-Seine. Ces trois territoires cumulent près de 220 000 habitants qui résident le plus souvent dans des communes peu ou très peu denses.

Le nucléaire stimule l’emploi industriel

La présence des centrales nucléaires stimule d’abord l’emploi industriel, ne serait-ce que par l’emploi direct (3 800 salariés). De plus, 700 emplois industriels relèvent de l’emploi indirect induit. Au rang de ces emplois figurent le traitement et l’élimination des déchets dangereux, la fabrication et réparation des structures métalliques, de machines et équipements mécaniques, d’ouvrages en métaux, ou d’équipements électriques. La part de l’industrie dans l’emploi indirect varie selon les centrales et conjoncturellement selon les opérations programmées. Entre 2018 et 2019, cette part est de 45% pour Cattenom, 28% pour Chooz et 18% pour Nogent-sur-Seine. Les services aux entreprises sont le premier secteur à bénéficier de l’emploi indirect lié aux centrales, avec 860 emplois détectés.

Par ailleurs figurent les 480 emplois du nettoyage industriel, du gardiennage ou des ménages, les 380 emplois de la construction ou encore 220 autres emplois induits. Les secteurs de l’administration publique, de la santé, de l’enseignement, du commerce, des transports ou de la restauration, liés à l’activité des trois centrales, représentent près de 2000 autres emplois induits.

La centrale de Chooz dans un territoire en déprise

La mise en service du deuxième réacteur de Chooz en 1996, dans un département qui fait face depuis un demi-siècle à la désindustrialisation et à la déprise démographique a été bénéfique aux Ardennes sans pouvoir cependant renverser les tendances négatives. La désindustrialisation de la pointe de Givet persiste, avec un emploi industriel qui est passé localement de 71% de l’emploi total à 35%, depuis 1975.

Comparativement, la baisse dans le département va de 61 à 20%. Le repli de l’emploi dans ce territoire d’inscription s’est accompagné d’une diminution de la population. Malgré l’apport de main-d’œuvre, les départs y excèdent les arrivées. Le solde démographique naturel est désormais négatif et la population est vieillissante. En cinquante ans, la part des jeunes (18 ans et moins), passe de 41 à 22%, celle des 65 ans et plus a quasiment triplé, de 9 à 23%.

L’activité de la centrale nucléaire représente 1 780 salariés, directs ou liés, concernant 4 790 personnes en 2020. La main-d’œuvre directe (810 emplois) est jeune - 50% des salariés ont moins de 37 ans - et qualifiée. On y compte 52% de professions intermédiaires et 33% pour les cadres et professions intellectuelles supérieures.

La centrale de Nogent-sur-Seine, premier employeur

Mise en service en 1988, la centrale de Nogent-sur-Seine est, avec Michelin, le premier employeur du département de l’Aube. Les emplois directs (810 salariés) génèrent 1 840 emplois liés et concernent 4 980 personnes dans l’Aube, la Seine-et-Marne et l’Yonne. Les emplois créés ont plus ou moins remplacé ceux perdus dans l’habillement, le bois ou le transport. La zone d’influence de la centrale compte 58 000 habitants, dont 36% à Romilly-sur-Seine et Nogent-sur-Seine. Le territoire d’inscription est marqué par l’attractivité de la région parisienne. La croissance démographique de ce territoire est au diapason de celle du département de l’Aube (+0,6% annuellement depuis les années 80).

Elle est portée par un excédent migratoire, conséquence de l’activité de la centrale nucléaire, composé d’habitants plus jeunes et plus diplômés. L’emploi industriel, 17% de l’emploi total du territoire, a mieux résisté qu’ailleurs avant de fléchir par la suite. C’est désormais le secteur tertiaire qui progresse de 70%, quand l’emploi dans l’industrie, fortement tourné vers les métiers de l’électricité, a été divisé par 2,5.