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La vente de l’aéroport de Vatry juridiquement impossible en l’état

Budget. Changer de gestion devient la priorité de Vatry, structure juridiquement invendable en l’Etat. Les conclusions du premier audit privé effectué sur l’aéroport condamne tout projet de vente, sans équilibre financier. La besogne ne va certainement pas manquer au nouveau Directeur de l’aéroport, dont la venue est annoncée courant de ce mois.

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Photo de l'aéroport de Vatry
(Crédit : DR)

Le verdict est tombé lors du dernier Conseil d’Administration de l’EPGAV, Établissement Public de Gestion de l’Aéroport de Vatry, le 8 décembre 2023. En l’état actuel, la structure n’est pas vendable.

Les conclusions de l’audit du groupement Cabinet Conseils Calia et SAS Eurotrans, mandaté à l’automne dernier, vont en ce sens et dirigent le Département de la Marne, propriétaire de la structure, vers d’autres alternatives. Dans ses conclusions, le groupement note :

« Les difficultés rencontrées par l’aéroport de Vatry ne sont pas liées au mode de gestion mais à des difficultés internes à l’EPGAV, de gestion et de management, difficultés par ailleurs renforcées par un manque de compétence et de partenariat sur la commercialisation et le lien avec la chaîne de valeur (logistique notamment) ».

Un partenariat privé difficilement envisageable

L’audit poursuit : « Les difficultés financières rencontrées par la plateforme, notamment liées au caractère erratique de l’activité et des recettes, ont contraint les acteurs publics à subventionner largement l’aéroport ces dernières années ».

En ce sens, l’audit souligne : « 32 M€ de subventions de fonctionnement, en sept ans, par le Conseil départemental, la Région et la Communauté d’Agglomération de Châlons-en-Champagne ». Conclusion de l’étude : « Sans équilibre économique, il sera difficile d’attirer un partenaire privé pour la gestion de l’aéroport ».

À noter que dans son budget 2024, le Département de la Marne vient de voter une nouvelle subvention à l’EPGAV de 0,8 M€. Pour le Groupement auditeur, les solutions juridiquement envisageables sont la régie, la délégation de service public ou le marché public, la vente « sèche » n’est pas réalisable en l’état.

Quant à la constitution d’une SPL, Société Publique Locale, elle nécessite un partenariat entre deux structures publiques. Donc, suggère le Président Jean-Marc Roze, « Bienvenue à la Région Grand Est ». Une piste peu envisageable au moment où la Région confie à la Chambre Régionale des Comptes une étude prospective sur l’aéroportuaire dans le Grand Est, annonce faite officiellement lors de la Commission Permanente du 26 janvier dernier.

L’urgence est plus économique que juridique

à la suite de cet audit, Jean-Marc Roze précise les priorités du Département : « L’urgence n’est pas au changement de statut de l’EPGAV. Nous allons nous occuper prioritairement du développement économique de l’aéroport et également poursuivre notre recherche de partenariat, y compris en termes d’entrée dans le capital ». Le Président Roze poursuit : « Nous n’avons pas de temps à perdre dans des pistes juridiques. La mission du nouveau Directeur est clair : il nous faut des affaires et parallèlement nous rapprocher d’acteurs au plus près de cet objectif économique ». Sur la mission de la Chambre Régionale des Comptes (voir ci-dessous), le Président Roze se dit prêt à collaborer.

Un modèle économique peu viable

Les grandes lignes du budget 2023 de l’EPGAV, après décision modificative, ont certainement alimenté les conclusions de l’audit Calia Eurotrans. Sur un total de 10,1 M€, les produits plafonnent à 3,9 M€ et les subventions atteignent 5,7 M€, soit 56,4% du budget. Lorsque l’audit annonce 32 M€ en sept ans, le total des subventions depuis 2001, l’aéroport fêtera son quart de siècle l’année prochaine, dépassant les 60 M€, soit une moyenne annuelle de 2,7 M€.

Au financement erratique correspond une activité aléatoire. On est loin des prévisions du 21 janvier 2000, date du premier vol : 150 000 tonnes de fret. Les hauts (40 000 tonnes en 2008) et les bas se succèdent depuis, avec une belle tendance à la baisse (30 000 tonnes en 2021, 18 000 tonnes en 2022 et 9 000 tonnes en 2023).

L’aéroport de passagers, ouvert en 2004, a connu l’effet Ryanair (4 000 voyageurs en 2009 et 21 000 en 2010), avec un record en 2016 (134 000 passagers). Pour les trois dernières années, il affiche une fréquentation « paisible » : 37 000 en 2020, 63 000 en 2022 et 66 000 en 2023.