La friche La Macérienne appelée à devenir un haut lieu touristique, économique et culturel
Infrastructure. Ardenne Métropole a dévoilé les contours du projet de requalification de la Macérienne concocté avec l’association Trapèze pour redonner vie à la friche emblématique de Mézières. Coût : 21,4 millions d’euros.
« La concrétisation de ce programme permettra à terme de créer un pôle d’attractivité touristique, économique et culturel à Charleville-Mézières sur 10 000 m² de bâtiments et une superficie globale de plusieurs milliers de mètres carrés », révèle Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières. « Il s’agira d’un vrai plan de renaissance pour cette friche de 1894 qui sera transfigurée au terme de cette opération. »
Livraison en 2028
Directeur de l’association Trapèze, une émanation de Flap (organisatrice du Cabaret Vert, 21 salariés, 12 millions d’euros de budget), et des Amis de la Macérienne, qui gèrera et animera le site tout en coordonnant l’ensemble des opérateurs, Julien Sauvage a détaillé ce projet très ambitieux. Préparé depuis 2020, il entrera dans sa phase de maturité en décembre 2025 pour être livré en 2028.
L’idée est de faire de ce lieu (10 000 m² de bâtiments et une superficie globale de plusieurs milliers de m² constructibles) remis en lumière par l’arrivée en 2005 du Cabaret Vert, « une place forte ardennaise et un acteur économique reconnu du développement local ».
Pour cela, Trapèze jouera le « rôle de syndic de copropriété en percevant les différents loyers et de catalyseur des divers opérateurs désirant s’accaparer ce futur outil ». « Un appel public de maîtrise d’œuvre a été lancé et nous avons déposé un dossier de réhabilitation qui a été peaufiné depuis ».
Titulaire d’un bail emphytéotique sur 40 ans, la structure a recruté un chef de projets, Alexis Robin. Ce dernier a, depuis, enclenché une dynamique d’aménagement futur de ce site inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques. « On veut que l’empreinte du Cabaret Vert reste durant l’année et que ce site vive », fait savoir Julien Sauvage avant d’exposer ce dense programme de réhabilitation.
On trouvera ainsi dans ce « mini quartier », un club de concerts et une salle événementielle pour accueillir des expositions, des spectacles musicaux ou des séminaires, l’école de musique de l’AME qui réunit 400 élèves et des locaux pour la Pellicule ensorcelée, structure de référence dans le domaine cinématographique. Voilà pour l’aspect culturel.
Un hôtel de 200 lits et un groupement de restaurants
Le commerce y tiendra aussi une large place avec un atelier associatif de réparation de vélos, une picobrasserie exploitée par Ardwen et dédiée à la formation au métier de brasseurs. Elle sera aussi un outil pour les amateurs souhaitant développer leur production. Un salon de thé sera tenu par le chocolatier Pol Bouchex, un bar sera créé ainsi qu’un toit-terrasse faisant office de restaurant bistronomique.
Trapèze compte, par ailleurs, s’appuyer sur un promoteur immobilier marnais prêt à engager 10 millions d’euros dans la construction sur place d’un hôtel de 200 lits pour une enseigne française, indépendante qui a déjà ouvert quatre établissements de ce type en France. À proximité, il y aura un Food court, « sorte de grosse cantine pleine d’échoppes proposant des produits finis, un concept convivial qui marche très bien dans les grandes villes ».
Devenir un acteur majeur de la filière bois
S’agissant de la partie économique, un atelier bois de 1 500 m² devrait être la première activité à être mise en route en 2025. Il lui sera confié la scénographie du Cabaret Vert, du Festival mondial des marionnettes et du festival rémois La Magnifique Society, voire le Son et Lumière de la Cassine. « Dès juillet-août 2024, on attaquera une phase d’expérimentation avec l’édition du Cabaret Vert pour se roder. Par la suite, on entend être un acteur majeur de cette filière bois en lançant une filière menuisier agenceur en décor de spectacle », indique Julien Sauvage, ne redoutant pas la multiplication des projets.
Dans ce joyau architectural, il est aussi envisagé de faire émerger un magasin de seconde main d’une certaine qualité avec un acteur local reconnu, Christophe Felzine, le directeur de Bell’ Occas. En lien avec la Chambre des Métiers, de futurs entrepreneurs pourront louer des machines avec, sur place, l’outillage et les work shops qu’on leur proposera.
Enfin, à côté de ce tiers-lieu, Trapèze a pour objectif de travailler à la décarbonation du Cabaret Vert avec la relance de l’ancienne centrale hydroélectrique de La Macérienne et la pose de plusieurs panneaux photovoltaïques pour rendre le festival quasiment autonome en électricité verte et apte à alimenter l’entreprise Ardenne Equipement, riveraine du site, le lycée Monge ou une partie du quartier. Ce projet propre à l’énergie nécessitera lui aussi, un investissement de 10 millions d’euros.
Un peu plus loin, sur la plaine cette fois, et après une étude paysagère, il est d’ores et déjà prévu mais à plus long terme de créer des activités extérieures : nautiques (baignades, location de pédalos…), une plage et un embarcadère vélo mais aussi un mur d’escalade et des terrains de pétanque et de basket. Le square Bayard et le square Mialaret seront réaménagés pour l’accueil des familles et leurs enfants.
« Tout est réuni pour faire de ce lieu patrimonial abandonné depuis 1984 un pilier du tourisme ardennais après le château-fort de Sedan et tout ce qui touche à Arthur Rimbaud », souligne Boris Ravignon en précisant que cette opération nécessitera un montant de 21,4M€ pouvant être subventionné entre 75 et 80% . Les différentes manifestations organisées durant l’année porteront le label « Echappées belles ». La première, programmée les 25 et 26 mai, fera la part belle aux arts de la rue et aux activités urbaines (skate, break dance, basket, concert de hip hop), des expositions et un bal populaire surprise. Une fête du vélo suivra le week-end suivant.