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La chaudière du quartier Orgeval passe au bois-énergie

Énergie. Après l’inauguration de la nouvelle chaufferie B-Bois en mai, dans le quartier Croix Rouge et devant fournir à l’équivalent de 20 000 logements une chaleur décarbonée, c’est au tour de la chaufferie du quartier Orgeval, fonctionnant auparavant au gaz et au fuel, d’opérer une transformation, avec désormais, une alimentation de 80% au bois-énergie.

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  • Photo de Patrice Perrenoud
    Patrice Perrenoud, ingénieur travaux et chef de projet chez Dalkia, Catherine Vautrin, Présidente du Grand Reims et Raphaël Blanchard, adjoint au Maire de Reims et président de l’Association syndicale Libre (ASL) de la ZUP Laon Neufchâtel allumant le premier feu de la chaudière à bois. (Crédit : ND)
  • Photo de la chaufferie du quartier Orgeval
    La chaufferie va faire l’objet d’une transformation architecturale avec un habillage bardage bois afin de mieux s’intégrer dans le quartier. (Crédit : ND)

Exit les énergies fossiles dans le réseau de chaleur du Grand Reims, place aux énergies décarbonées, bois en tête. Après la mise en service de la chaufferie B-Bois, alimentée par du bois de récupération en mai 2023, et dont le montant des travaux s’élevait à 19,8 M€, c’est au tour de la chaudière d’Orgeval de faire une transition de mode d’approvisionnement, passant de 80% de gaz à 80% de bois. « Les premiers travaux de la chaufferie d’Orgeval ont débuté en septembre 2022. Toute la difficulté du chantier a été de faire les travaux en ne l’arrêtant pas, car elle alimente en eau chaude plus de 1 500 logements ainsi que la piscine, le complexe sportif ainsi que les collège et lycée », explique Patrice Perrenoud, ingénieur travaux et chef de projet chez Dalkia, filiale d’EDF et concessionnaire pour 25 ans de l’équipement.

Une prouesse technique qui a nécessité de travailler par « tranches » mais également de se poser la question de l’implication sur le quotidien des riverains, la chaufferie étant située en plein quartier résidentiel. « Les impacts sont limités », estime le chef de projet, « six à dix camions viennent sur le site par semaine pour approvisionner en plaquettes de bois la chaufferie, stockés au sein d’un silo enterré de 400 m² avec une autonomie de fonctionnement de trois jours ». Les éléments constitutifs de la nouvelle chaufferie (foyer, chambre de combustion et échangeur de chaleur) ont été assemblés au sein même de la chaufferie, en juillet dernier.

Consommation de 6 000 tonnes de bois-énergie par an

Le bois en plaquettes justement – bois-énergie – (branchage, bois d’élagage, bois abîmé), dans un souci de « durabilité », provient de forêts situées dans un rayon de 100 km autour de Reims. Pour le premier allumage, c’est ainsi du bois provenant de Saint-Martin d’Ablois, au sud-ouest d’Épernay qui a eu les honneurs de la première combustion. Et alors que la chaudière, lors de sa première mise en service dans les années 60, fonctionnait au charbon, puis ensuite à 80% au gaz et 20% au fuel, c’est désormais avec 80% de biomasse et 20% de gaz, essentiellement en cas de secours, qu’elle fournira en chauffage et en eau chaude les logements et équipements du quartier Orgeval. « Cette chaudière biomasse d’une puissance de 3,8MW est appelée à consommer 6 000 tonnes de bois-énergie par an. Cet équipement dessert 1 580 équivalents logements grâce à un réseau de 3,77 km, permettant de desservir 30 sous-stations », précise Raphaël Blanchard, adjoint au Maire de Reims et président de l’Association syndicale Libre (ASL) de la ZUP Laon Neufchâtel, unissant la Ville de Reims, Plurial Novilia, Reims Habitat et le Foyer Rémois.

C’est notamment l’ASL qui a pris en charge l’opération de transformation financée par le groupe Dalkia, pour un budget de 4,8 M€, dont un soutien d’1,3 M€ de l’ADEME. « L’objectif de ce projet est de répondre aux enjeux climatiques et économiques actuels, tout en apportant une solution adaptée aux besoins des abonnés du quartier, puisqu’ils bénéficient d’une TVA réduite à 5,5% du fait de l’utilisation de plus de 50% d’EnR », fait savoir Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims.

Les cendres en épandage agricole

Le bois produisant des cendres, celles-ci vont aussi faire l’objet d’une réutilisation, en épandage par des agriculteurs locaux. « Les émissions issues de la combustion sont filtrées et stockées dans des bennes vidées tous les 10 jours environ afin d’être valorisées en épandage agricole. C’est la société Services Environnement Valorisation (SEV) qui analyse les cendres et vérifie qu’elles sont bien compatibles avec un épandage qui prend le relais », précise Patrice Perrenoud. Dans un souci de production d’énergie décarbonée, 84 m² de panneaux photovoltaïques seront également installés sur le toit de la chaufferie pour de l’autoconsommation. « Nous avons équipé le bâtiment de nombreux filtres », précise le chargé de projet. « Des filtres acoustiques pour limiter les nuisances sonores mais également des filtres de traitement des fumées. » Le bâtiment enfin, va faire l’objet d’une réhabilitation architecturale avec l’installation d’un bardage en bois.