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François Gauthier : « Un marché d’acheteurs »

Notaires. Focus sur le marché immobilier régional avec François Gauthier, notaire à Reims et membre de la chambre interdépartementale des notaires.

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Photo d'un immeuble composé de logements avec balcons
« Les volumes de ventes immobilières ont connu un coup de frein brutal à l’été 2023. » (Crédit : DR)

Les statistiques tenues par les notaires qui disposent de l’ensemble des chiffres liés aux transactions immobilières – nombre, prix, typologie des biens, localisation… – laissent apparaître un coup d’arrêt du marché mi-2023. « Les volumes de ventes immobilières ont connu un coup de frein brutal à l’été 2023. En 20 ans de notariat c’est la première fois que je constate un tel phénomène », précise Me Gauthier, notaire à Reims et membre de la chambre interdépartementale des notaires. « Les statistiques dont nous disposons sont arrêtées à octobre 2023 mais il faut savoir que ces phénomènes se sont accentués en novembre et décembre 2023. »

Plus que jamais, le marché dépend des acquéreurs potentiels. « Aujourd’hui nous sommes dans un marché d’acheteurs. On enregistre jusqu’à +30% de biens à vendre dans certaines études. Les acquéreurs potentiels montrent de l’intérêt mais ils attendent que les prix baissent pour acheter », souligne François Gauthier. Or, malgré les attentes, les prix n’ont pas vraiment amorcé de baisse significative dans la région. « On n’enregistre pas de véritable tendance à la baisse mais plutôt une stagnation. On observe bien quelques baisse de manière ponctuelle mais cela correspond plutôt à une forme de rééquilibrage ou de rattrapage sur quelques biens qui avaient été surévalués », précise le notaire.

Les raisons de la chute des transactions sont relativement bien identifiées par les professionnels de l’immobilier. Elles sont multiples et complémentaires avec à leur tête la hausse des taux bancaires et le renforcement des conditions d’accès aux prêts immobiliers. « Ce sont les zones rurales qui subissent le plus la crise au niveau de la baisse des prix. Il y avait eu un regain d’intérêt des acquéreurs pour le rural après le Covid, mais avec la hausse des coûts de l’énergie et des transports, qui ont un réel impact sur les budgets des ménages, ce sont ces biens qui subissent le plus la baisse des prix », explique le notaire rémois.

D’autres raisons plus techniques et liées à la réglementation immobilière expliquent aussi cette baisse. La fin du dispositif Pinel, avantageux fiscalement pour les investisseurs, est par exemple un facteur de ralentissement du marché du neuf. Les nouvelles réglementations liées à la rénovation énergétiques dans le cadre de mise en location des biens sont elles aussi un élément d’explication. « Les exigences de performance énergétique et l’augmentation du coût des travaux de rénovation renchérissent le coût de l’investissement et constituent un frein à l’acquisition. »

Quid de l’année 2024 ?

« Le premier trimestre 2024 a commencé de manière très calme avec la poursuite de la chute des volumes. Aujourd’hui on enregistre une très légère baisse des taux qui n’est pas suffisante pour avoir un impact sur le marché. Et la baisse des prix devrait être plus significative pour relancer le marché », ajoute Me Gauthier.

S’il est à l’arrêt aujourd’hui, le marché immobilier est prêt à redémarrer, notamment grâce à la présence des acheteurs potentiels, qui montrent toujours leur intérêt pour des projets qui restent en attente.