Hommes et chiffres

Artisanat : de métier tension à métier passion

Emploi. Évènement régional, les Rendez-vous de la reconversion aubois se tiendront le 17 avril dans les nouveaux locaux de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Troyes.

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Photo des nouveaux locaux de la CMA de l'Aube 37
Les nouveaux locaux de la CMA de l’Aube 37, rue des Bas Trévois à Troyes. (Crédit : MBP)

Lassitude, burn-out, stress, quête de sens, presqu’un français actif sur deux a déjà réalisé ou envisagé une reconversion professionnelle. « J’adore faire de la pâtisserie pour mes amis et ma famille. J’étais secrétaire de mairie d’une petite commune et je m’ennuyais dans les métiers administratifs. Mon mari me dit « pourquoi tu ne te lances pas ? » Et voilà. J’ai fait toutes les démarches, j’avais trouvé mes employeurs pour commencer la formation. Je suis allée à l’entretien avec une petite tartelette pour dire je sais faire c’est ça, il y a encore des choses à perfectionner mais j’en veux ! » Mariée, maman de deux enfants en bas âge, à 34 ans, Mélanie Gimon décide de changer de vie.

Photo de Mélanie Gimon et Georges-Oleg Bell
Mélanie Gimon en reconversion pâtisserie et Georges-Oleg Bell, président de la CMA Grand-Est Aube. (Crédit : MBP)

Soutenue par ses proches, elle franchit le pas de la reconversion en pâtisserie et suit une formation diplômante financée par la Région. « Les tutoriels sur internet, ce n’est pas mon truc. J’ai besoin que le professeur m’explique, qu’il me montre. Le diplôme est un gage de qualité si un jour je souhaite monter mon entreprise, je serai reconnue en tant que professionnelle. »

Pour la 3ème année, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Grand Est regroupe tous les interlocuteurs de la reconversion en ses locaux. Dans l’Aube, depuis la première édition post covid, 250 candidats à la reconversion y ont rencontré les acteurs de la formation professionnelle pour faire valider ou requalifier leur projet par des professionnels pour accompagner la réussite de leur reconversion. 30 % d’entre eux ont embrassé un nouveau métier, lorsqu’au niveau national ils ne sont que 22 %. « 41 % sont des cadres supérieurs qui veulent changer de vie. Les personnes se reconvertissent dans des métiers passion avec la démarche d’apprendre et d’en vivre », explique Georges-Oleg Bell, président de la CMA de l’Aube.

2h et 250 métiers pour changer de vie

Bilan de compétences, validation des acquis par l’expérience (VAE), parcours de formations diplômantes accélérées en 1 an ou formations en CFA, dispositifs de financement…, les journées de la reconversion permettent de concentrer quinze jours de démarches administratives en deux heures et sur un même lieu.

Avec 100 000 embauches par an et 3,5 millions d’emplois en France, l’artisanat regroupe plus de 250 métiers dans les secteurs du bâtiment, des services, de la fabrication et de l’alimentation. Les métiers de bouche étant les plus prisés. Et la CMA ne forme pas seulement des artisans qui font les bons gestes dans les règles de l’art, elle les accompagne dans leur future vie de chef d’entreprise en abordant la commercialisation, la monétisation du travail et le parcours du créateur d’entreprise.

Après 5 ans, 75 % des personnes suivies sont encore en activité contre 41 % qui n’ont pas demandé d’accompagnement. « Le projet de la Chambre de Métiers de l’Aube à trois ans est aussi de faciliter l’installation avec un incubateur pour aider les personnes à lancer leur activité avec un lieu comme un centre commercial d’artisans ».

Sur les 5 300 personnes en formation chez Alméa, le président aubois confirme une proportion de personnes en reconversion supérieure à celle des apprentis (15 à 25 ans). Un public motivé qui va au bout de son objectif. Seulement 4 % des reconversions font l’objet d’une rupture de contrat d’apprentissage contre 18 % chez les jeunes apprentis. La reconversion répond aussi au besoin de réinsertion des bénéficiaires de RSA et d’inclusion des personnes en situation de handicap avec un apprentissage possible au-delà des limites d’âge. « Tout le monde a les mêmes droits. Nous avons une pénurie de main d’œuvre et il y a des viviers que l’on n’utilise pas. Il n’est pas question de laisser quiconque de côté. »