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La Cravate Solidaire pour avoir la tête de l’emploi

Association. Réseau national, la Cravate Solidaire se place en bout de chaîne des structures d’insertion avec lesquelles elle travaille et lutte contre la discrimination des candidats à l’embauche.

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Le relooking de la Cravate Solidaire
La Cravate Solidaire recherche des bénévoles aider les candidats à franchir le pas de l’insertion professionnelle. (Crédit : MBP)

Près de sept entreprises sur dix admettent que la tenue d’un candidat a un impact sur sa décision d’embauche. À l’heure où la lutte contre les discriminations en milieu professionnel fait les gros titres et où l’État se sent obligé de légiférer en « intégrant dans le champ de la répression pénale des discriminations, toute discrimination ou distinction fondée sur la texture, la couleur, la longueur ou le style capillaire d’un individu (1) », dans le projet de loi, la mission de la Cravate Solidaire semble plus que jamais nécessaire. Reconnue d’utilité publique l’association œuvre pour l’égalité des chances.

« Nous sensibilisons les candidats et les chefs d’entreprise en les accompagnant de plusieurs façons », explique Nathalie Puigmal, vice-présidente et co-fondatrice de l’antenne auboise de Pont-Sainte-Marie, sachant qu’une entreprise qualifiée de discriminante attire moins les candidats et est moins performante. Apparence physique, choix vestimentaire et savoir-être sont les socles de la Cravate Solidaire Aube qui a reçu 560 candidats à l’insertion professionnelle depuis sa création en 2021. Tous sont passés entre les mains des professionnels bénévoles ou de collaborateurs qui agissent dans le cadre d’un mécénat d’entreprise.

Formés par le réseau, soit ils animent des séances de coaching d’image avec des ateliers pour choisir une tenue adaptée à la personnalité du candidat, soit travaillent sur le savoir-être et les attentes d’un recruteur. Ces ateliers « coup de pouce » de deux heures ont permis à 64 % des accompagnés d’obtenir un emploi ou un stage.

Aborder les codes de l’entreprise

Envoyés par des structures d’insertion ou de formation, « la Cravate solidaire leur redonne confiance en eux et les fait travailler sur l’estime de soi pour maximiser leurs chances d’être retenus », poursuit la vice-présidente.

« Ils ont besoin de s’approprier les codes de l’entreprise grâce à une méthode concrète et innovante. Il s’agit avant tout de permettre à des personnes de réussir leurs entretiens dans les meilleures conditions. » Après l’étape dressing et coaching, le candidat repart avec une photo pour son CV. La Cravate Solidaire Aube a déjà collecté plus de 3 tonnes de vêtements donnés pour son vestiaire et proposé 1 500 heures de bénévolat. Parmi les projets 2024/25, l’association, soutenue à la fois par des fonds publics et des fonds privés, souhaite acquérir une camionnette « Cravate mobile » pour s’externaliser et aller au-devant des personnes en ruralité.

Elle proposera également des actions en entreprises avec la fresque de la discrimination et des ateliers 100 % féminins pour les femmes éloignées de l’emploi. 60 % des candidats accompagnés par la Cravate Solidaire sont des candidates. Sachant qu’une entreprise réputée discriminante reçoit 15 % de candidatures en moins par rapport à ses concurrents à offre de poste égale et subit un turnover de ses effectifs de 30 % supérieur à ses concurrents sur une activité similaire (cf études Michael Page et Seekube), l’apport de la Cravate solidaire est impactant dans un contexte où les entreprises ont du mal à recruter. Il s’agit concrètement de changer à la fois le regard et les pratiques des recruteurs par des actions de sensibilisation et l’approche des candidats. Un moyen de faire un pas en avant tant pour les recruteurs que pour les candidats, de sorte que les deux se rencontrent dans les meilleures conditions.