Champagne / In Vino

Champagne Esterlin : atypique, original, singulier…

Champagne. En jouant de l’adjectif qualificatif, le champagne Esterlin donne toute sa mesure à l’ambition de qualité qui guide son retour au premier plan.

Lecture 6 min
Photo de Franck Lesterlin
Franck Lesterlin, directeur général, maître d’oeuvre du nouveau positionnement du champagne Esterlin. (Crédit : JR)

Une coopérative installée sur l’avenue de Champagne, à Epernay, le fait est suffisamment exceptionnel - c’est la seule - pour être mis en exergue. C’est au numéro 25 de la prestigieuse artère que se trouve le siège la coopérative vinicole de Mancy, village des coteaux sud d’Epernay, plus connue sous le nom de sa marque de champagne : Esterlin.

Cette situation atypique n’est pas la seule originalité d’Esterlin, qui s’appuie sur près de 200 adhérents et un vignoble de quelque 120 hectares répartis sur une cinquantaine de communes au cœur des principaux terroirs de l’appellation : les coteaux sud d’Epernay, la Côte des Blancs, le Sézannais et la Vallée de la Marne.

Autant dire de beaux chardonnay (40 % de l’encépagement), de beaux pinot noir (10 %), de beaux meunier (50 %), bref, de quoi faire de beaux champagnes. De beaux champagnes - et c’est la troisième originalité maison - vinifiés sans macération malolactique, afin de garantir fraîcheur, vivacité et potentiel de garde.

Refonte de la gamme et déploiement vers l’export

Dans les années 80, la réputation d’Esterlin reposait sur un positionnement clair et pertinent de diffusion auprès de nombreuses enseignes de grande distribution. La contraction du secteur, une concurrence exacerbée, la perte de marchés, un manque de diversification commerciale ont conduit à une moindre notoriété de la marque.

Voici 5 ans, sous l’impulsion d’Eric Potié, son président, le conseil d’administration a souhaité redonner à Esterlin ses lettres de noblesse, et a missionné Franck Lesterlin à cet effet. Le nouveau directeur général a défini les conditions d’un retour vers un marché qualitatif (CHR, cavistes…), via notamment un réseau d’agents commerciaux étoffé, passé de 5 hier à 26 actuellement, ainsi qu’un déploiement vers l’export - de 4 pays en 2018, Esterlin est aujourd’hui présent dans une vingtaine.

Photo de la nouvelle cuvée de la gamme
Le rosé éclat, nouvelle cuvée de la gamme, a sans doute un petit côté... bourguignon ! (Crédit : JR)

Franck Lesterlin : « Pour cela, avec les équipes et le chef de caves, Sébastien Struzik, nous avons décidé de réaliser un travail qualitatif ancré dans le temps. Grâce à nos adhérents, nous pouvons produire des vins adaptés aux marchés que nous visons, des vins riches de leur typicité et de leur diversité. Nous avons revisité la vinification, les assemblages, les dosages, puis nous avons mis en place un vieillissement long (plus de 5 ans, sauf pour le rosé), complété par l’apport de vin de réserve, tout en densité et en complexité, issu d’une exceptionnelle solera initiée en 1972. Pour autant, nous ne partions pas d’une feuille blanche : il existait déjà de jolies choses chez Esterlin, dont nous nous sommes inspirés. »

Alors même que ce développement qualitatif n’a pas encore porté tous ses fruits, les premiers effets ne se sont cependant pas fait attendre : en 2020, le champagne Esterlin a été élu meilleure coopérative de l’année au titre de la refonte de sa gamme (première reconnaissance de sa nouvelle orientation) ; la presse spécialisée et les guides s’intéressent de plus en plus à la marque ; les ventes ont triplé en cinq ans (250 000 bouteilles aujourd’hui, à 60 % en valeur à l’export et 40 % en France). « Construire ou reconstruire une image de marque prend évidement un peu de temps, mais nous avançons en ce sens, avec une clientèle qui nous fait confiance ».

Beau vin, belle histoire…

Tout en continuant dans cette voie, l’objectif est désormais de valoriser une gamme composée de 8 cuvées, du brut éclat (BSA - 27,50 €) à la cuvée Cléo blanc de blancs 2010, en partie vinifiée en fût (65 €), avec notamment un brut nature 2009 ou encore un pur meunier, pour ne mentionner que celles-là.

La nouveauté du moment étant constitué par le rosé éclat (29 €), fierté de ces deux passionnés de vins que sont Franck Lersterlin et Sébastien Struzik : « C’est assurément un rosé atypique. Assemblé avec 12 % de vin rouge (vieille vigne d’Allemant), dosé à 7 grammes, c’est un vin complexe, dense, riche, avec beaucoup de matière. En fin de bouche, le pinot rappelle la cerise griotte, avec un petit côté… bourguignon. Il s’est taillé un beau succès lors du salon Sommeliers international de Reims, fin octobre. » En somme, ce rosé singulier semble une introduction idéale à l’histoire singulière du champagne Esterlin. Un beau vin, une belle histoire : les clients adorent…