Automobile

Réparation auto : les femmes n’ont pas confiance

Automobile. L’enquête de IFOP, réalisée pour Caroom, met en évidence le climat de défiance éprouvé par la clientèle féminine lorsqu’elle franchit la porte d’un atelier de réparation automobile.

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De plus en plus de femmes sont les conductrices principales du foyer. Un élément à prendre en considération par la profession automobile.

Le sujet est brulant. Au point d’allumer des incendies et de susciter des débats sans fin. Le sujet en question : les relations compliquées entre les femmes et les garagistes. Une enquête commandée à l’IFOP par Caroom, le comparateur de prix des voitures neuves, remet le sujet sur le devant de la scène. Avec des résultats édifiants qui montrent l’étendue du problème.

D’autant plus qu’au fil du temps, les femmes sont devenues les conductrices principales au sein du foyer. Cela devrait inciter l’ensemble des acteurs de la réparation automobile à se pencher sur la question pour tenter d’améliorer les choses. Il y a du boulot ! 76% des femmes interrogées estiment que les garagistes les jugent « forcément nulles en mécanique » et ressentent une certaine forme de mépris lorsqu’elles s’adressent à un atelier mécanique pour exposer un problème.

« Si mon garagiste pense que je suis nulle, il ne va pas hésiter à me facturer des réparations ou des changements de pièces qui ne se justifient pas forcément. »

Pire encore, 75% d’entre elles jugent qu’elles sont des « clientes qu’on peut facilement arnaquer ». Un seuil porté à 89% pour les conductrices principales d’un foyer. Avec un lien direct entre l’impression d’être prise pour des idiotes et la facilité de les duper aisément : « si mon garagiste pense que je suis nulle, il ne va pas hésiter à me facturer des réparations ou des changements de pièces qui ne se justifient pas forcément. »

La déduction est sans appel. De plus, le fossé ne cesse de se creuser avec une situation dégradée au fil du temps : ce sentiment est en hausse de 18% par rapport à un sondage datant de 2008. 72% des automobilistes femmes interrogées pensent qu’elles sont considérées différemment selon qu’elles se rendent seule dans un garage ou accompagnées par un homme. « Pas dans le bon sens » précise un commentaire de ce sondage. C’est le cas également de 69% des conductrices principales d’un foyer.

Avec un élément à charge mis en avant : lorsqu’un couple homme-femme se rend ensemble dans un garage : c’est à l’homme que les professionnels de l’automobile s’adressent en priorité. Préjugés et stéréotypes dominent encore et toujours dans le secteur.

Une marge de progrès immense

Cette impression d’être renvoyées à leurs supposées insuffisances en matière de mécanique déborde largement du sujet puisque 63% des conductrices principales sont persuadées que les garagistes les considèrent comme de mauvaises conductrices. Les choses n’évoluent pas dans le bon sens sur ce point précis : en 2008, elles étaient seulement 37% à avoir ce sentiment.
Ce point de vue est démenti par les statistiques qui mettent en avant la faible proportion de femmes dont la responsabilité est engagée dans les accidents routiers. Une réalité prise en considération dans les réponses faites à l’enquête de l’IFOP : 28% de l’ensemble des français estiment que les femmes conduisent plutôt mieux que les hommes.

Si 38% des femmes en sont convaincues, c’est le cas de seulement 17% des hommes. Pour la majorité des sondés, pas de différence significative entre les unes et les autres. Cette étude met en évidence l’importance de la défiance ressentie par les femmes lorsqu’elles doivent pousser la porte d’un atelier mécanique. Réalité ou simple impression ? Peu importe. On aurait tort de balayer le sujet en pointant le climat de victimisation généralisé qui irrigue notre époque. Il appartient à l’ensemble des professionnels de l’automobile - un univers où les femmes sont encore largement sous représentées, ce qui peut expliquer ce climat – de s’emparer du sujet et de trouver des solutions pour améliorer les choses.

Certains garagistes ont déjà pris en compte le sujet. Mais la marge de progrès reste immense. Dans un monde où la place des femmes ne cesse d’évoluer de façon positive, la réparation automobile ne peut rester à l’écart. L’enjeu est capital. La confiance ne se décrète pas mais se construit pas à pas.