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Rentabilité : Stellantis se place sur le podium mondial

Economie. Le groupe franco-italo-américain, dont Peugeot est un des fleurons fait partie, des constructeurs automobiles les plus profitables du monde aux cotés de Ferrari et de Porsche.

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Photo de la Jeep
Le succès aux Etats-Unis des marques américaines de Stellantis dont l’emblématique Jeep contribue largement aux bénéfices du groupe. (Crédit : DR)

Les marques automobiles premium sont abonnées aux premières places des palmarès de la rentabilité. En particulier Porsche qui, exercices après exercices, pointe le bout de son capot avec une régularité de métronome dans le peloton de tête des constructeurs les plus profitables de la planète. Cela a encore été le cas au premier semestre avec une marge de 18,9%.

Cela permet au spécialiste des voitures hautes performances de se situer sur la deuxième marche de ce podium économique. Porsche tire profit - au sens propre - de sa diversification, les Cayenne, Macan, Panamera et autres Taycan remplissant les carnets de commande et gonflant les bénéfices du constructeur bavarois.

C’est Ferrari qui caracole en tête avec 28,3% de marge opérationnelle. Une valeur insolente et quasi surréaliste dans l’industrie automobile. Ce résultat résulte de la décision de la marque de ne plus limiter volontairement sa production pour préserver son caractère exclusif et d’élargir sa gamme. En 2022, Ferrari a livré 13 221 voitures. On est loin des quelques 5 000 unités qui bon an mal an sortaient de l’usine historique.

Le marché étant demandeur, notamment les Etats-Unis et la Chine où les ventes ont explosé, Ferrari a engrangé les commandes tout en peinant à satisfaire la totalité de ses clients avec des listes d’attente interminables, plus de deux ans pour le premier SUV maison, la Purosangue. Quand on sait que le tarif de base du modèle le plus abordable du catalogue dépasse allégrement les 200 000€, on comprend mieux la performance hors norme de Ferrari.

La surprise provient de la galaxie Stellantis dirigée avec une redoutable efficacité par Carlos Tavarès. Le Groupe qui agglomère principalement Peugeot, Citroën et DS côté français, Fiat, Abarth, Alfa Romeo et Maserati versant italien, Opel-Vauxhall pour la partie germano-britannique, Jeep, Dodge et Chrysler Outre Atlantique constitue un géant généraliste aux contours très larges.

Pas l’idéal pour performer économiquement. Et pourtant, les résultats sont là. Au premier semestre, Stellantis s’est installé sur la troisième marche du podium mondial des constructeurs automobiles les plus rentables avec une marge de 14,4%. C’est exceptionnel pour un groupe essentiellement constitué de marques généralistes grand public dont les gros volumes de production sont habituellement inversement proportionnels au niveau de profit qui en résulte.

Devant BMW, Mercedes et Audi

En l’espace d’un an, Stellantis a gagné trois places et devance désormais des spécialistes du haut de gamme autant réputés pour leurs voitures que pour leur aptitude à générer beaucoup de bénéfices. C’est le cas de Mercedes (14%), BMW (10,6%) ou Audi (10%). De même, Stellantis fait nettement mieux que les marques asiatiques à la solidité réputée : Kia (12,9%), Toyota (10,6%) ou encore Hyundai (10%). Idem pour Tesla (10,5%).

La comparaison avec les autres généralistes donne davantage de relief à la performance de Stellantis. General Motors (8,3%), Renault (7,6%), Volkswagen (7,3 %) ou Ford (7,1%) sont loin derrière.

Cocorico ? En France, on a tendance à considérer la galaxie Stellantis sous l’angle hexagonal et penser que le succès de Peugeot, en particulier, tire le groupe vers le haut. Mais à l’examen des résultats chiffrés, mieux vaut en rabattre et faire « profit bas ».

C’est aux Etats-Unis que le Groupe engrange le plus de bénéfices grâce aux gros pick-up et SUV Dodge, Jeep, Chrysler ou RAM, si décriés en Europe dont l’Amérique profonde ne se lasse pas. Qu’il s’agisse des véhicules ou des dollars gagnés, on se situe à une autre échelle.

Deux chiffres résument le poids du marché nord-américain dans la balance : Stellantis y affiche une marge de 17,5% au premier semestre contre seulement 10,7% en Europe. Un cas de figure également constaté chez la quasi totalité des constructeurs, l’immense marché américain reste un eldorado hautement profitable, non seulement pour les marques nationales mais aussi les européennes et asiatiques.

Dans une industrie automobile en pleine révolution énergétique, les performances d’aujourd’hui ne disent rien de celles de demain. Les bouleversements liés au passage accéléré des motorisations thermiques aux 100% électriques n’ont pas encore produits leurs effets. Le virage s’annonce crucial, voire vital pour certaines marques. Dans ce contexte complexe, les marges dégagées devraient permettre de mieux affronter les incertitudes à venir.