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Pingat Ingénierie : Retour vers le futur

Ingénierie. Depuis quelques années, Arnaud Pingat pilote, avec son père Jean-Claude, le retour au premier plan du groupe familial d’ingénierie et ambitionne de devenir un acteur de référence dans ce domaine.

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Photo de la plateforme logistique du groupe Lidl
En 2022, le groupe d’ingénierie a conçu l’une des plus grandes plateformes logistiques (60 000 m²) du groupe Lidl en France à Gondreville (Meurthe-et-Moselle). (Crédit : PINGAT)

Méconnus du grand public, les métiers de l’ingénierie sont pourtant indispensables dans la réalisation de constructions, notamment les plus complexes. Dans ce secteur d’activité, le groupe rémois Pingat excelle depuis sa naissance en 1946. Aujourd’hui dirigé par Jean-Claude Pingat et son fils Arnaud, le groupe vient de reprendre sa dénomination originelle : Pingat Ingénierie SAS. Un retour aux sources qui fait suite à quelques péripéties historiques (voir encadré) et qui marque surtout la volonté des dirigeants de poursuivre leur croissance sur les solides fondations qu’ils se sont efforcés de bâtir au fil de leur existence.

Fruit de la fusion stratégique de ses deux sociétés : Pingat Aménagement et Bâtiment (PAB) et Pingat Agro-alimentaire et Industrie (PAI), le groupe est désormais structuré autour de deux branches. La première, Pingat Ingénierie & Construction, réalise des missions de conseil, d’assistance à maîtrise d’ouvrage, de management de projet, d’ingénierie générale et de construction clé en main. « Les marchés du logement et du tertiaire étant au ralenti, les marchés publics étant eux aussi à la baisse, nous nous organisons pour aller chercher des clients dans le secteur de l’industrie en identifiant les secteurs porteurs tels que l’agroalimentaire mais aussi l’aéronautique et l’industrie manufacturière », précise Arnaud Pingat.

Collèges, lycées, bâtiments industriels, chaufferies biomasse… les dossiers traités par l’entreprise rémoise sont variés. « Aujourd’hui, tous ces projets sur lesquels nous travaillons intègrent les sujets de l’énergie et de la réduction de l’empreinte carbone, qui sont complètement dans l’air du temps ». Récemment, Pingat Ingénierie s’est distinguée en accompagnant le groupe Agronutris dans la conception et la réalisation de son site industriel de 16 000 m² basé à Rethel (Ardennes). « Nous avons beaucoup de sujets dans le Grand Est et dans les Hauts de France qui est une région elle aussi très active dans le domaine industriel. Nous intervenons aussi pour des industriels allemands qui viennent sur le marché français. »

Cap sur l’hôtellerie

Parmi les grands projets récents ou en cours de l’entreprise, on trouve ainsi la réhabilitation de 460 logements en région parisienne, la conception de plateforme avec froid industriel pour un géant de la grande distribution comme Lidl ou un bâtiment clé en mains pour Ionisos, le leader européen de la stérilisation de dispositifs médicaux qui réalise actuellement un bâtiment à Henriville, près de Saint-Avold (Moselle). Un projet qui représente un investissement de près de 50 M€ pour Ionisos et qui devrait être entièrement finalisé en décembre 2024.

Le groupe s’est aussi diversifié ces dernières années avec la création d’une deuxième branche : Pingat Property & Hospitality, spécialisée dans le montage d’opérations immobilières notamment dans l’hôtellerie-restauration haut de gamme. Première réalisation de cette entité dirigée par Eric Pingat, le frère d’Arnaud : la création de l’hôtel la Caserne Chanzy et du restaurant la Grande Georgette dans les locaux de l’ancienne caserne de pompiers de Reims. Ouvert en 2019, l’établissement est le premier d’une liste qui devrait s’allonger prochainement avec plusieurs projets en gestation. Le premier d’entre eux concerne un hôtel Marriott à Epernay, dont le permis de construire vient d’être déposé. Un autre projet en Baie de Somme est en cours, ainsi qu’un troisième, qui concerne la rénovation d’un bâtiment pour le transformer en hôtel, du côté de Nancy. Autant de projets pour lesquels le groupe peut s’appuyer sur sa filiale Contractant général (Pingat General Contracting, ex-Coreal) qui lui permet de réaliser les projets clé en mains de ses clients industriels.

Une croissance ambitieuse

Fort de ces différentes activités, le groupe réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros et emploie 135 collaborateurs répartis sur 10 agences et bureaux sur le territoire national. S’il dispose d’agences à Reims, Metz et Charenton, il compte également développer et densifier ses antennes de Lille, Bordeaux, Lyon et Strasbourg pour accroître sa présence sur le terrain. « Notre métier reste un métier de proximité. Notre objectif est donc d’avoir toujours un interlocuteur sur place pour être au contact de nos clients avant et surtout pendant les travaux, c’est essentiel. Il nous faut des relais locaux. »

Un déploiement qui se fait aussi par le biais de la croissance externe, comme cela a été le cas juste avant la crise du Covid, avec le rachat d’un bureau d’études à Château-Thierry (Aisne), d’un contractant général à Roubaix (Nord) et d’une société spécialisée en hydrobiologie à Metz. Comme toute croissance, celle du groupe rémois doit s’accompagner de recrutements pour renforcer les équipes locales. Un challenge qui n’a rien d’évident, la France manquant cruellement d’ingénieurs pour faire face à la demande des entreprises.

« La fédération professionnelle de l’ingénierie, Syntec, estime qu’il manque 20 000 ingénieurs diplômés en France », poursuit le dirigeant. Un manque accentué par les gros projets de gigafactories qui ont tendance à assécher le marché. Pas de quoi néanmoins ralentir les ambitions familiales qui visent déjà un chiffre d’affaires fixé à 40 M€ pour 2026. « La fusion entre nos différentes entités vise à optimiser notre organisation pour être un acteur dé référence dans le domaine de l’ingénierie-construction et de relever les défis que sont la transition énergétique et écologiques, la transition digitale et la réindustrialisation du pays », souligne Arnaud Pingat.