Humeur

Egalité à géométrie variable

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Benjamin Busson
Benjamin Busson.

Les gouvernements passent et les réformes de façade se succèdent. Malgré les effets d’annonce d’un côté et les mouvements sociaux de circonstances de l’autre, l’égalité de traitement des Français face au régime des retraites ne reste qu’une illusion. Et la semaine passée nous en a encore offert un double pathétique exemple. Pendant que les contrôleurs aériens faisaient pression sur leur ministère à coups de préavis de grève pour éviter toute remise en cause de leur activité (lire en fait une modernisation en lien avec son époque pour mettre fin à des pratiques aussi obsolètes que coûteuses pour le contribuable), les cheminots obtenaient quant à eux un aménagement de la réforme des retraites, pudiquement intitulé « accord sur les fins de carrières ». En d’autres termes, une remise en cause pure et simple de la réforme gouvernementale qui exigeait de tous les Français un effort destiné à sauver le système des retraites.

Il est désormais évident que lorsqu’on évoque « tous » les Français aujourd’hui, on peut littéralement en exclure certaines catégories socio-professionnelles et corporations qui, tour à tour, prennent la liberté de « négocier » en direct avec l’Etat pour obtenir des régimes dérogatoires, avec l’aval compréhensif des syndicats, jamais à court d’une contradiction. Des pratiques sur fond de chantage à la grève et de paralysie du pays qui ne devraient plus avoir cours en 2024 mais qui restent d’une triste actualité. Une fracture sociale qui ne dit pas son nom et qui n’est encore une fois pas suffisamment prise au sérieux malgré le ras-le-bol et l’indignation suscités chez les près de 20 millions de salariés du privé… qui représentent autant de bulletins de vote. Mais l’a-t-on seulement compris ?