Champagne / In Vino

La marque Sud de France bannie des étiquettes des bouteilles de vin

Viticulture. Les professionnels ont deux ans pour se mettre en conformité.

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Le vignoble
Le vignoble occitan est le premier de France en volume. (Crédit : PIXMANIA)

Le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire a annoncé fin juillet aux interprofessions viticoles d’Occitanie sa décision de retirer d’ici la récolte 2025, la mention « Sud de France » sur l’étiquetage des bouteilles de vin, car jugée « non réglementaire ». Une décision qui ne passe pas chez de nombreux élus et responsables patronaux.

Propriété depuis 2006 de la Région Occitanie, la marque Sud de France a permis depuis plus de 15 ans, de rassembler et d’identifier un grand nombre de productions issues du territoire, soit 13 500 produits, dont 7 300 vins, pour 1 900 entreprises adhérentes.

Carole Delga, présidente de de la Région Occitanie, a été la première à réagir. « La marque de la Région est un vrai levier pour nos entreprises et l’emploi dans tous les territoires, a en effet déclaré l’élue suite à cette annonce. Je prends acte de la décision du gouvernement qui va à contre-courant de l’histoire, afin de protéger les entreprises menacées de sanctions. Parce que je crois dans l’avenir de la viticulture, parce que je sais que les consommateurs ont plus que jamais à coeur de choisir des produits de qualité à l’origine reconnue, je dis à l’ensemble de la filière que Sud de France-l’Occitanie va continuer à se déployer fortement car c’est un étendard de notre attractivité. Nous avons été précurseurs dans l’acte d’achat local. Nous le serons encore demain pour promouvoir nos savoir-faire sur l’ensemble des marchés. »

Premier vignoble de l’hexagone

La viticulture est un secteur économique important en Occitanie. Il réunit 23 000 entreprises qui produisent 34 % du volume de vin français, ce qui en fait le premier vignoble de l’Hexagone. La Région, qui a investi plus de 100 M€ depuis 2016 pour soutenir ce secteur, mène actuellement des discussions avec les acteurs viticoles pour mettre en place d’ici à la fin de l’année un contrat de filière pour répondre aux défis de l’adaptation de leurs entreprises au changement climatique mais aussi leur capacité de répondre aux nouvelles attentes du marché.

« Les services de la Région vont travailler étroitement avec la filière à la création d’un nouvel identifiant puissant pour soutenir la commercialisation des vins régionaux sur le marché national mais également sur le marché international. Cet identifiant pourra être apposé sur l’étiquetage et sera bien entendu repris dans toute la promotion et la communication mise en place par la profession et la Région. À terme, ce nouveau signe visuel sera également décliné sur l’ensemble des produits Sud de France l’Occitanie, solides et liquides, afin de garantir un maximum de performance et de reconnaissance auprès des consommateurs et des distributeurs », ajoute la présidente de région.

De son côté, la préfecture d’Occitanie rappelle que « la réglementation communautaire spécifique de l’étiquetage des produits oléicoles et viticoles interdit de faire figurer des mentions géographiques non définies comme AOP ou IGP, afin de garantir l’origine des produits ». Or, la mention « Sud de France », qui ne correspond ni une zone administrative, ni un groupe de localités ou une sous-région viticole, ne peut figurer sur les étiquettes des bouteilles de vin.

Ambiguïté

La réglementation européenne relative au secteur viticole réserve en effet expressément l’utilisation d’une mention géographique aux seules étiquettes des vins bénéficiant d’une AOP ou d’une IGP dont le cahier des charges prévoit la référence spécifique à une unité géographique plus grande (ou plus petite) que celle de l’AOP ou de l’IGP. « Les exigences relatives aux mentions géographiques sur l’étiquetage des vins ont été obtenues par les autorités françaises, à la demande des organisations professionnelles viticoles, rappelle également le préfet. La réglementation européenne en vigueur résulte d’une volonté portée par la filière viticole française de structurer l’offre autour des AOP et des IGP, afin de bénéficier d’un avantage compétitif par rapport aux pays tiers. »

La mention de la marque pouvant créer une ambiguïté sur le contenu du cahier des charges ou sur la délimitation géographique d’une appellation, outre les risques juridiques encourus par la France, les producteurs peuvent être confrontés à un blocage des bouteilles à l’export. Une période de transition de deux ans a été fixée. Les étiquettes de bouteilles devront être conformes au plus tard pour les vins issus de la récolte 2025.