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L’assureur régional Groupama d’Oc face au défi du changement climatique

Assurance. Le groupe mutualiste régional voit sa rentabilité malmenée par l’inflation et surtout une forte sinistralité climatique. Il a néanmoins enregistré un chiffre d’affaires global de 867,7 M€ en progression de 8,3 % par rapport à 2022.

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Photo de Florence Bousque, Pierre Martin et Didier Guillaume
Le 13 mai, Pierre Martin (au centre) présentait au siège toulousain de Groupama d’Oc le bilan d’activité pour 2023 de l’assureur mutualiste avec à ses côtés Florence Bousquet, directrice générale adjointe et Didier Guillaume, nouveau directeur général (©Groupama d’Oc).

Selon un rapport publié en 2022 par le Forum économique mondial cité par le cabinet KPMG, le risque climatique est la deuxième plus grande menace à laquelle les assureurs font face, juste derrière le risque de cyberattaque et devant le risque pandémique. Le coût économique des événements climatiques ne fait en effet que croître depuis quelques années. En France, selon une étude de la Fondation pour l’innovation politique, il est passé en moyenne d’un peu plus de 1 Md€ par an au début des années 1980 à près de 3 Mds€ au cours de la dernière décennie.

Le grand Sud-Ouest n’échappe pas à cette tendance. Comme le montre, année après année, le bilan du groupe d’assurance mutualiste Groupama d’Oc présent dans les huit départements de l’ex-Midi-Pyrénées, les Pyrénées-Atlantiques, les Landes, la Creuse, la Corrèze, le Cantal et la Lozère. Pierre Martin, son président, présentait le 13 mai 2024 à Toulouse, les chiffres clés pour 2023.

Un environnement difficile

Un exercice encore « fortement marqué par le risque climatique », souligne Florence Bousquet, directrice générale adjointe de Groupama d’Oc. On se souvient que l’année 2022 avait été frappée d’une sinistralité exceptionnelle, chiffrée à 742,7 M€, dont 209 M€ imputables à une mauvaise météo. En 2023, cette sinistralité a été ramenée à 664 M€ dont 109 M€ liés au climat.

L’assureur, qui a enregistré en 2023 un chiffre d’affaires global de 867,7 M€ en progression de 8,3 % par rapport à l’année précédente, présente ainsi un rapport sinistres à primes de 77 %, contre 93 % un an auparavant, « ce qui signifie que pour 100 € de cotisations émises, nous avons 77 € de charges de sinistre. Comparé à l’exercice précédent, c’est mieux ou, du moins, moins pire », reconnaît la DGA.

L’année dernière aura donc été pour l’assureur, qui compte sur son territoire quelque 506 000 sociétaires et 1 990 collaborateurs répartis dans 280 agences, « une année moyenne, sur le plan du résultat », renchérit Didier Guillaume, nouveau directeur général de Groupama d’Oc. Ce dernier pointe « un environnement qui n’a pas été simple pour les assureurs », en raison notamment de « l’inflation qui a impacté notre sinistralité et d’événements climatiques majeurs et à répétition, tels que la grêle et des tempêtes. »

En cours d’année, l’assureur a également été contraint de réévaluer à hauteur de 5,5 M€ sa sinistralité 2022 en raison de phénomènes de retrait-gonflement des argiles liés à la sécheresse. « Certains départements de notre territoire sont particulièrement concernés par ces phénomènes. Avec pour effet un coût de réassurance de plus en plus élevé : lorsque les sinistres graves ou climatiques se multiplient à outrance, nous subissons de plein fouet une répercussion tarifaire », ajoute le directeur général.

L’autre phénomène auquel fait face Groupama d’Oc, comme l’ensemble des mutuelles, c’est en matière d’assurance santé, « e transfert de charges des régimes obligatoires, de la Sécurité sociale et de la MSA, vers les complémentaires », poursuit Didier Guillaume. Un phénomène récurrent qui « se traduit in fine par une part de plus en plus importante des frais de santé que nous avons à supporter et des augmentations de tarifs pour les sociétaires », déplore-t-il.

Performance dégradée

L’entreprise vise à l’horizon 2025 un chiffre d’affaires de 987 M€ et 2 à 3 % de rentabilité. Un objectif ambitieux car Groupama d’Oc voit son ratio combiné – l’indicateur de performance majeur pour les compagnies d’assurance – se dégrader en 2023, à 100,1 %, contre 99,9 % en 2022. « Nous avons plusieurs défis à relever dont le premier est un enjeu de maîtrise technique, parce qu’on ne peut pas durablement avoir un ratio combiné au delà de 100, sous peine de ne plus être performant sur le métier d’assurance », prévient Pierre Martin.

Et Didier Guillaume de conclure : « Nous devons être rentables pour continuer à investir. Or, cette rentabilité s’est faite sur les deux dernières années par la finance et si demain les marchés devaient se retournaient, c’est bien d’abord par l’assurance, notre métier de base, que nous devons générer cette rentabilité. »